12 / 11 / 2015

Les bactériophages : nos amis pour la vie

C’est maintenant de notoriété publique nous sommes plus bactériens qu’humains! Notre flore intestinale contient 100 trillions de bactéries. Cela représente 10 fois plus de bactéries que de cellules dans notre corps entier. Ces milliards de bactéries se répartissent entre environ 1000 espèces différentes qui vont former notre microbiote ou ce qu’on appelait notre flore intestinale.

Cette flore, pour être en bonne santé, doit être équilibrée. La qualité de notre flore intestinale est définie dès la conception par la flore buccale de la mère, puis selon le type d’accouchement, elle va être définie dans les premiers jours de notre vie et elle va évoluer en fonction de notre alimentation, de nos maladies, des médicaments que l’on va consommer, des antibiotiques qui vont la malmener parfois de façon irréversible etc.

Nous avons déjà largement étudié ce qui pouvait altérer cette flore : alimentation raffinée, transformée, riche en sucres, en céréales, en gluten, bref, toute l’alimentation industrielle, les polluants environnementaux, les antibiotiques, les métaux lourds et le stress en général.

LES BACTÉRIOPHAGES

J’ai rencontré le docteur Paul Hervé Riche* il y a quelques années. Médecin à la retraite hors-pair, humaniste et surtout spécialiste des bactériophages dont il a écrit un livre. Il a par ailleurs participé au congrès de Tous mutants demain.

Voici notre entretien :

« - MK: Au vingtième siècle on a découvert la pénicilline et les antibiotiques qui nous ont rendu de grands services…

- PHR: La pénicilline a été découverte en 1897 par un médecin lyonnais militaire qui s’appelait Docteur Ernest Duchesne. Il avait testé sur des souris atteintes de la typhoïde et il s’est rendu compte qu’en donnant des moisissures comme le pénicillium glaucom, il arrivait à éradiquer cette maladie. Il est mort en 1914 d’une pneumonie alors qu’il avait découvert la pénicilline! Quelque temps plus tard Monsieur Fleming a « inventé » la pénicilline! Il avait dû avoir accès à ces documents et il a monté tout un scénario pour faire croire que c’était lui l’inventeur.. Ceci est une autre histoire…

En 1917 un nommé Félix D’Herelle a travaillé avec le professeur Roux de l’institut Pasteur et a découvert les mécanismes du bactériophage. Il va décrire une destruction bactérienne et tout dans ses écrits démontre qu’il avait compris les mécanismes du bactériophage. Le bactériophage est un virus qui est présent dans l’intestin de tous les êtres vivants, de tous les mammifères, les poissons, même dans les végétaux il y a un équilibre qui se fait entre les bactéries et les bactériophages, qui sont des virus qui mangent les bactéries.

Un virus est 100 fois plus petit qu’une bactérie. Dès les premières tétées du nourrisson, la mère n’a pas encore de lait, elle a du colostrum. Ce liquide va installer la flore intestinale c’est-à-dire présence de Colibacilles et de virus qui vont ensemencer le duodénum puis à partir de là, l’intestin.

–MK: Alors, quand tu es né par césarienne et que tu n’as pas été allaité, comment les bactériophages vont-ils pouvoir se développer ?

– PHR: À ce moment-là tu n’as pas de bactériophages au départ et tu vas les développer plus tard. Au bout de 3 jours le lait va apparaitre pour remplacer le colostrum, et en réaction à la présence du calcium du lait, l’enfant va sécréter de l’acide chlorhydrique dans l’estomac.

– MK: Ah bon ! Le calcium du lait va stimuler l’acide chlorhydrique dans l’estomac ?

– PHR: Oui, le calcium c’est du calcaire et cela stimule la sécrétion d’acide chlorhydrique dans l’estomac, ce qui va verrouiller la flore intestinale.

À partir de cet ensemencement de flore intestinale dans le duodénum de l’enfant, avec la circulation lymphatique , le bactériophage va se promener dans le corps de tout l’être humain. Si des bactéries arrivent, elles sont assaillies immédiatement par un ou 2 bactériophages qui vont se fixer dessus, (ça ressemble à un petit Lem, vous savez ces petites capsules spatiales), il va injecter son acide nucléique à travers la paroi de la bactérie, utiliser le mécanisme de reproduction de la bactérie pour se reproduire lui-même et la bactérie va éclater en libérant une centaine d’autres bactériophages qui vont chercher le même type de bactérie pour la manger et se reproduire. Ce qui fait que en 2 ou 3 jours toutes bactéries pathogènes entrant dans un corps humain est naturellement détruite si le bactériophage est efficace.

– MK: Qu’est-ce qui va altérer le développement du bactériophage ?

– PHR: Il faut d’abord comprendre une chose. Il y a des théories fumeuses en médecine, qui ont encore cours aujourd’hui, du genre l’enfant est protégé par les anticorps maternel, pourquoi le prématuré ne l’est pas ? On met le prématuré en couveuse en évitant toute contamination. Et s’ils naissent un mois plus tard ils sont protégés par les anticorps maternels! Quel mystère ! C’est parce qu’ils ne veulent pas reconnaître l’importance du bactériophage qui est un moyen de défense naturel du corps humain.

– MK: Donc, le nourrisson même s’il n’a pas de contact avec le lait maternel ou la mère, va quand même développer des bactériophages ?

– PHR: Il le développera au hasard des rencontres. Les mains des infirmières, les objets qu’il touche.. Si vous avez une bactérie qui est infectée par du bactériophage, il va automatiquement se reproduire dans votre corps! Il y a d’ailleurs souvent des pathologies liées à l’excès d’hygiène, car on tue ainsi les bactériophages.

– MK: Donc ce virus est hyper important et on ne peut pas s’en passer!

– PHR: Même dans la nature. Par exemple les légumineuses fixent l’azote dans leurs racines. Ce sont les bactéries qui fermentent et qui fabriquent l’azote au niveau des racines. S’il n’y a pas de bactériophages, les bactéries vont foisonner, cela va acidifier le milieu, cela va tuer le bactériophage et les racines pourrissent à cause de bactéries. Inversement s’il n’y a pas assez de bactéries, les bactériophages meurent car il se nourrissent des bactéries, on appelle cela la fatigue de la Luzernière. Il faut alcaliniser le terrain avec du bicarbonate de soude et vous aurez de nouveau un terrain fertile.

– MK: Est-ce qu’il y a plusieurs types de bactériophages ?

– PHR: Non un bactériophage est polyvalent au départ. Il a besoin de se reproduire et il va donc se fixer sur une bactérie.  Au fur et à mesure du passage sur cette même bactérie il va développer une spécificité par rapport à elle. Il vit en symbiose avec le Colibacilles dans l’intestin. Par exemple s’il arrive un staphylocoque dans le flux sanguin, le bactériophage va se fixer sur ce staphylocoque ainsi que les enfants qui vont naître du développement de cette bactérie. Le bactériophage va être plus rapidement attiré par cette bactérie et petit à petit il va acquérir une spécificité, une caractéristique tellement extrême, que les bactériophages vont se fixer sur cette bactérie en 10 secondes, alors qu’ils mettront peut-être une demi-heure à être attirés par une autre sorte de bactérie.


- MK: donc quand tu arrives dans un nouveau pays et que tu as la fameuse tourista, cela ne sert à rien de prendre un traitement ?

- PHR: en effet, il faut environ 3 jours pour que le bactériophage réussisse à enrayer l’infection. Pour le confort du patient, on peut lui faire boire un peu d’eau de cuisson du riz et faire baisser la fièvre en le mettant dans un bain à température de sa fièvre et laissez couler un filet d’eau froide jusqu’à arriver à 37°. Jamais d’aspirine pendant l’infection car cela tue les bactériophages! N’oublions pas que l’acidité tue les bactériophages!

MK: Quand une personne est malade, pourquoi elle s’infecte ?

- PHR : Il y a 3 conditions pour qu’une personne s’infecte :

Première condition : Le taux de sucre

Le sucre favorise la prolifération bactérienne qui en même temps va acidifier le milieu et donc tuer le bactériophage.

– MK: L’acidité tue le bactériophage!

– PHR: Oui, c’est ce que je viens d’expliquer. Le pH normal du sang et entre pH 7. 2 et 7. 4 il est légèrement alcalin. Si vous avez un sang qui est trop acide du fait que vous mangez trop de sucre, vous faites des boutons avec du staphylocoque, de l’acné, et vous allez à terme, décompenser sous forme de diabète car vous aurez épuisé votre pancréas. Le bactériophage va être tué par l’excès de sucre qui va faire fermenter les bactéries, ce qui va acidifier le milieu. Les diabétiques décompensent en acidose. C’est la raison pour laquelle les diabétiques s’infectent si facilement et qu’ils cicatrisent très mal. Il faut d’abord surtout équilibrer le diabète avant de faire quoi que ce soit d’autre. Quel que soit le traitement les diabétiques qui commencent à avoir des nécroses, il faut les mettre sous insuline de façon à mettre leur pancréas au repos. Il faut absolument régler les flèches d’hyperglycémie.

Quand je fais un traitement à un malade infecté je lui dis de boire au moins 1 l d’eau de Vichy, c’est-à-dire une eau riche en bicarbonates ce qui contribue à alcaliniser le milieu.

– MK: On m’a toujours dit que l’estomac devait être acide !

– PHR: Oui et quand tu rajoutes du bicarbonate de soude tu vas sécréter un peu plus d’acide chlorhydrique pour équilibrer le contenu digestif.

- MK: C’est donc bon de prendre un peu de bicarbonate de soude ?

– PHR: Oui, pendant le traitement pour éliminer l’infection , ce qui peut durer un ou 2 mois. Ensuite il faut reprendre l’alimentation normale. Il faut pas en prendre tout le temps sinon tu vas emballer ton estomac!

– MK: Comment faire pour avoir une bonne acidité de l’estomac ?

– PHR: Un jus de citron au réveil dans un peu d’eau cela ne peut pas faire de mal. Utilisez également un peu de choucroute bio, de préférence cuite à la vapeur car il faut avoir de bonnes dents pour la mâcher crue!

– MK: Doit-on prendre des probiotiques ?

– PHR: Non, ça sert pas à grand-chose, c’est en général industriel. Je préfère un bon yaourt K philus. Le K philus apporte beaucoup de protéines et il a un pH très particulier à plus de 8.2! Je m’en suis beaucoup servi pour les personnes sous chimiothérapie. Cela les aidait beaucoup sur le plan intestinal. Je leur disais également de prendre 2 cuillères à soupe de choucroute cuite le matin à jeun. Il suffit de préparer des petites quantités placées dans un film de plastique et les mettre au congélateur.


Deuxième condition : le terrain acide tue le bactériophage.

La Malbouffe, les céréales, tous les amidons, la viande rouge, l’alcool, le stress, les polluants de toutes sortes, les métaux lourds tous ces éléments contribuent à acidifier l’organisme. Il va donc falloir alcaliniser le terrain une fois qu’on a équilibré le sucre. C’est-à-dire adopter un régime plutôt végétarien, beaucoup de légumes, pas de viande rouge absolument, en revanche du poisson, du poulet, des œufs. Pendant le traitement on évitera la banane qui est trop riche en sucres et en amidon.

- MK: tu parles de régime végétarien et pourtant tu dis de manger du poisson, du poulet je ne comprends pas ?

- PHR: oui, un régime végétarien contient beaucoup de légumes, à peu près 70 % et cela contribue à alcaliniser le milieu. Mais je n’ai jamais dit de supprimer les protéines animales. Ce qu’il faut c’est alterner les sources de protéines animales. Par exemple des œufs une ou 2 fois par semaine, de la volaille une ou 2 fois par semaine, du poisson une ou 2 fois par semaine, du fromage de chèvre ou de brebis une ou 2 fois par semaine toujours accompagnés de beaucoup de légumes. Attention aux fruits qui sont très sucrés. Il vaut mieux pendant le traitement en manger peu. Ceux à index glycémique bas comme les fraises et les petites baies ne posent pas de problème.

– MK: Que penses-tu de cette vague de personnes qui veulent tout manger cru ?

– PHR: Ça n’a pas de sens. Il y a plusieurs types de progrès qui ont été faits dans l’alimentation humaine depuis la Préhistoire. Au départ l’Homme préhistorique mangeait tout cru mais il avait un certain nombre de maladies, car dans la nature il n’y a pas que des bactéries amies. Notre planète est dangereuse et il y a de nombreuses bactéries pathogènes! Actuellement on serait incapable de manger ce que mangeaient nos ancêtres ! Ils mangeaient par exemple au Moyen Âge, des oiseaux qui étaient tellement pourris, que la tête se détachait toute seule ! Ils arrivaient à digérer ça ! Aujourd’hui on n’en serait incapable et on mourrait de septicémie. Notre intestin s’est fragilisé et absorbe plus de toxines qu’autrefois. C’est l’évolution de l’espèce. Il y a beaucoup moins de fibres et de ballast qu’avant. On a diminué notre capacité d’absorption ainsi que le volume de ce que l’on mangeait car c’est davantage raffiné. C’était courant à l’époque de manger les légumes avec un petit peu de sable ce qui contribuait à renforcer la paroi intestinale. Aujourd’hui notre paroi intestinale est tellement fine, du fait du raffinage intensif, de l’alimentation molle et aseptisée, que le moindre toxique passe la paroi qui devient perméable et c’est la porte ouverte à l’imprégnation de nombreux toxiques qui vont envahir l’organisme via le flux sanguin. C’est comme si tu avais toujours porté des chaussures et que tout d’un coup je te demande de marcher pieds nus pendant des heures dans un sous-bois bourré de pierres et de branchages pointus. Tes pieds seraient ensanglantés ! Pour renforcer sa paroi intestinale il faut donc y aller progressivement en mélangeant des légumes crus et cuits à la vapeur douce, mais surtout en mâchant rigoureusement ces aliments avant de les avaler.

Le premier progrès a donc été la cuisson et l’autre bon en avant qui a libéré le corps humain, ça a été la fermentation ! La fermentation des féculents sous forme de levure etc., la fermentation du lait avec l’apparition des fromages qui permettaient de conserver les laitages pendant les périodes de famine, et la fermentation des fruits avec les alcools qui ont amené aussi une amélioration à partir du moment, bien entendu, qu’on n’en abuse pas.

Donc pas d’excès de cru, la cuisson vapeur est recommandée. En revanche les légumes racines sont meilleurs crus. On évite les mauvaises huiles, les grillades etc. de tout un peu, pas de religion en alimentation !


Troisième condition : Les anti-phages

- PHR: Nous avons abusé des antibiotiques. Les antibiotiques actuels de synthèse, sont cytotoxiques et s’attaquent aux cellules à reproduction rapide, c’est-à-dire les bactéries mais aussi les cellules intestinales. Les antibiotiques, contrairement à ce que l’on croit, ne tuent pas les bactéries. Ils les stérilisent. C’est-à-dire qu’ils ont un effet pilule. Les bactéries ne pouvant plus se reproduire meurent et affaiblissent le bactériophage. Quand l’effet pilule est passé plusieurs mois après, vous aurez de nouveau des infections récidivantes. C’est comme cela qu’on se retrouve avec des cystites chroniques! Les bactéries, au bout d’un certain temps, deviennent résistantes à tout. La dernière condition pour que la phagothérapie soit efficace est de supprimer les anti phages du sérum sanguin. On utilise pour cela l’auto hémo thérapie qu’il vaut mieux pratiquer avec une personne du corps médical. Je donne la technique dans mon livre page 231.

Pendant le traitement il faudra boire beaucoup d’eau alcaline, Vichy, Vittel ou de l’eau avec une pincée de bicarbonate de soude par litre d’eau pour que les reins puissent fonctionner correctement et éliminer l’urée résultant du catabolisme des protéines issues du conflit bactéries/bactériophages. Tout peut rentrer dans l’ordre en quelques heures.

– MK:  Comment trouver des bactériophages en France ?

- PHR: On en trouvait jusqu’en 1980 mais depuis ils ont été interdits. Il faut aller dans les pays de l’Est pour en trouver… Sinon, si vous habitez au bord de la mer, vous prélevez un petit verre à Porto le matin avant le lever du soleil et cette eau contiendra des bactériophages. Il n’y en a plus dès que le soleil se lève!

Vous voyez qu’il est inutile d’utiliser des thérapeutiques lourdes pour venir à bout d’infections parfois graves. La thérapeutique par bactériophages est une guérison naturelle dirigée mise au point en France avec une certitude totale de succès quand elle est comprise et bien menée.

Marion Kaplan

*MK: Marion Kaplan

*PHR: Paul Hervé Riche

*Docteur Paul Hervé riche, ancien attaché des hôpitaux du CHU de Montpellier, a soutenu sa thèse à la faculté de médecine de Montpellier il y a plus de 30 ans, en juillet 1976, sur ce sujet : « l’utilisation du bactériophage en thérapeutiques anti infectieuse ». Le docteur Riche a utilisé avec succès cette méthode sur des malades présentant des infections résistantes en service de neurochirurgie et réanimation.

Bibliographie :

« Manuel de Phagothérapie pratique à l’usage des médecins du XXI eme siècle » du Docteur Paul Hervé Riche et Philippe Garrigues,  www.manueldephagotherapie.com

"Paléobiotique" , de Marion Kaplan aux éditions Thierry Souccar, sorti le 25 novembre 2018.

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