25 / 08 / 2020

Lien entre les aigreurs d'estomac et l'intestin : le sibo

Depuis quelques années la Science s'occupe beaucoup du microbiote. Des milliers d'études se préoccupent du lien entre l'intestin, le cerveau, les maladies inflammatoires, auto-immunes et digestives. Il faut dire qu'il y a un grand choix entre les ballonnements, flatulences, la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique, la constipation, les diarrhées, la dépression quand ce ne sont pas des cancers. La science a découvert que l'intestin grêle pouvait être envahi par des bactéries nocives alors que cette partie du tube digestif devrait être relativement exempt de ces micro-organismes. On appelle ce phénomène le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth). Tous les termes sont anglicisés car les études viennent souvent des États-Unis.

À elle seule, cette maladie regroupe de nombreux symptômes comme les ballonnements, les flatulences, les douleurs abdominales, les spasmes digestifs, le reflux gastro-œsophagien, les éructations, les nausées, la diarrhée, la constipation, la fatigue etc.

Si vous lisez cet article, c'est par ce que, sans doute, vous n'avez pas encore réglé certains problèmes de santé.

Si je peux vous aider à les solutionner, je serai plus que satisfaite !

Le SIBO commence dans l'estomac

On a tendance à négliger cette partie primordiale de la digestion. En effet, l'estomac joue un rôle majeur dans tout le procédé de digestion. N'oubliez pas que la digestion est soumise à une loi implacable : le travail à la chaîne et la loi du maillon faible. Si une des étapes est négligée et fonctionne mal, c'est tout le reste de la chaîne qui va être perturbé.

Je vous renvoie à mon article sur la mastication car le processus s'initie dès cette étape.


L'estomac doit être acide

En effet un estomac fonctionnel devrait avoir un pH entre 1,5 et 2,5 pendant la phase digestive. L'apport d'acide chlorhydrique ou HCl est essentiel dès cette étape. Cela permet l'activation du pepsinogène en pepsine, ce qui facilite la dénaturation des protéines alimentaires, entrainant un changement de structure, étape indispensable pour casser les grosses protéines en petits acides aminés libres. Les enzymes seules ont du mal à attaquer les protéines.

L'acide chlorhydrique permet de libérer la plupart des minéraux alimentaires en cations libres et assimilables : l'absorption du calcium, du magnésium, du fer, et du zinc dépend donc également de cette acidité. Ainsi, si vous êtes fatigué, immunodéprimé ou tout autre symptôme inexpliqué, cherchez du côté de l'estomac.

L'acide chlorhydrique a un effet bactéricide et fongicide puissant ce qui évite les intoxications alimentaires. Il a le pouvoir de décontaminer nos aliments et d'éliminer les Streptocoques, les candidas et même l' Helicobacter pylori.


L'importance des sucs biliaires et pancréatiques

Si votre bol alimentaire, appelé le chyme, sort de votre estomac bien amalgamé avec les enzymes et l'acide chlorhydrique, le pH est donc entre 1,5 et 2,5, vous digérez et absorbez sans problème.

Les sucs biliaires et pancréatiques sont alors sollicités, car leur fonction est d'alcaliniser le chyme afin d'obtenir un pH d'environ 8. Plus le chyme est acide, plus on a besoin de base pour le neutraliser afin d'obtenir un milieu neutre. Si le pH est normal (entre 1,5 et 2,5), on sollicite un apport important de sucs biliopancréatiques avec l'aide des bicarbonates et des sels biliaires émulsifiants les lipides. Cela entraîne une bonne digestion des graisses, des protéines et des amidons.

Si le bol alimentaire sort avec un pH au-dessus de 3 (pas assez acide), ces mêmes sucs sont peu activés ce qui va entraîner toute une cascade de problèmes :


Conséquences d'une hypochlorhydrie

Si cette étape est perturbée, c'est irrattrapable !

  • Diminution de l'action bactéricide et antifongique entraînant une pullulation bactérienne dans l'estomac et le duodénum. C'est le démarrage du SIBO. Ce sont les personnes qui sont ballonnées dès les premières bouchées de leur repas.
  • Des molécules alimentaires vont arriver dans le duodénum accompagnées de bactéries et de champignons et autres parasites qui ne devraient pas s'y trouver. 
  • Un pH trop élevé ne stimulera pas les sécrétions biliaires et pancréatiques chargées de neutraliser l'acidité et moins il y a de bile et d'enzymes pancréatiques, moins les graisses, les protéines et les amidons seront digérés. 
  • Une mauvaise dégradation des protéines en peptides plus ou moins agressifs pour la muqueuse intestinale. N'oubliez pas que le gluten et la caséine sont des grosses protéines. Peut-être que quelques sensibilités au gluten et aux laitages proviennent du manque d'acidité de l'estomac et de l'inaction ou l'appauvrissement des enzymes digestives ! En effet, le gluten mal dégradé par un estomac affaibli arrivera non dénaturé au niveau du jéjunum et de l'iléon. Ces protéines mal dégradées et mal digérées vont agresser les entérocytes (cellules de la barrière intestinale) et entraîner une hyper perméabilité intestinale ou leaky gut. Ainsi, ces protéines mal digérées vont passer la barrière intestinale alors qu'elles n'auraient jamais dû passer, et générer des réactions anormales de notre système immunitaire, entraînant des hypersensibilités alimentaires, des allergies et amorcer des réactions auto-immunes. Cela entraînera des carences minérales, malgré un apport alimentaire suffisant.  

On ne peut régler une perméabilité intestinale si on n'a pas réglé les problématiques liées à l'estomac.

  • La pullulation bactérienne au niveau du duodénum va persister au niveau de l'intestin grêle. Normalement, dans l'intestin on est dans un milieu anaérobie, c'est-à-dire sans oxygène, ce qui favorise la prolifération bactérienne. 
  • Toutes ces conséquences vont entraîner de la fatigue, des lourdeurs, une digestion ralentie, une dyspepsie, la fermentation des amidons, des fermentations avec éructations dans l'estomac, des remontées gastriques qui peuvent aller jusqu'à des brûlures dans la bouche. En effet c'est la formation d'acide lactique et pyruvique qui entraîne ces sensations de brûlure et de remontées gastriques. 

On se retrouve, à plus ou moins long terme, avec une déminéralisation importante et une anémie chronique, dues à la mauvaise assimilation des sels minéraux.

On peut galérer ainsi pendant des années sans faire le lien. On se retrouve avec des symptômes mal définis, intermittents, sans anomalie lésionnelle après fibroscopie, sans facteur d'aggravation et on est hélas, jamais soulagé. On va accuser alors certains aliments d'être la source de nos problèmes comme l'alcool, les épices, le café, les oranges, les légumineuses, les graisses cuites et bien sur le gluten et la caséine.


Quelles sont les causes de la dyspepsie (ensemble de troubles digestifs non spécifiques) ?

  • nervosité, stress, troubles psychologiques 
  • mauvaise mastication, repas pris trop rapidement ou dans le stress 
  • déficit de production de l'acide chlorhydrique 
  • déficit enzymatique 
  • vieillissement, normalement au-delà de 60 ans 
  • malbouffe, c'est-à-dire alimentation de mauvaise qualité avec des pesticides, des additifs, des aliments OGM, dénaturés par des cuissons à haute température et des graisses de mauvaise qualité 
  • intolérances alimentaires 
  • consommation excessive d'aliments riches en glucides comme le pain, les viennoiseries, gâteaux etc. et des repas pauvres en protéines. N'oublions pas que les enzymes sont des protéines
  • le café et l'alcool agressent et altèrent la muqueuse gastrique 
  • certains médicaments comme les IPP, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, l'aspirine, le cannabis, et les antibiotiques
  • suractivité de l'Helicobacter pylori dans l'intestin 

La médecine conventionnelle va vous donner des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et vous soulager, dans un premier temps, des remontées acides mais va aggraver la pullulation bactérienne dans le grêle et dans l'intestin. Vous allez vous retrouver dans un cercle vicieux avec un SIBO et tous les symptômes l'accompagnant.


Comment rechercher une hypochlorhydrie ?

Vous devez être à jeun et boire 1/2 cuillère à café de bicarbonate de soude mélangé à un petit verre d'eau.

Le mélange dans l'estomac du bicarbonate de soude et de l'acide chlorhydrique fabrique du dioxyde de carbone et la production de ce gaz produit un magnifique rôt !

Comptez le temps que vous mettez à faire ce rôt : si vous mettez moins de 2 minutes, tout va bien votre production d'acide chlorhydrique est fonctionnelle.

Si ce temps est plus long, entre 3 et 5 minutes, vous êtes en hypo sécrétion.

Si vous mettez plus de 5 minutes vous êtes ce qu'on appelle en achlorhydrie, c'est-à-dire que vous ne produisez plus d'acide chlorhydrique.

Il faudra alors intervenir avec certains remèdes*.


Faites votre propre évaluation

Quelle est la composition de chacun de vos repas de la journée ? Boisson autre que l'eau, pain, pâtes, pizzas, les graisses cuites, épices, condiments, Surgelés, type de cuisson, aliments frais ou en boîte etc. 

Quel est le contexte de vos repas, le temps que vous prenez à manger, est-ce que vous grignotez, est-ce que vous buvez de l'alcool ?

Quelles sont vos critères de choix d'aliments ?

Avec le thérapeute : 

  • Recherchez vos carences éventuelles en acides aminés, en iode, en magnésium, zinc, sélénium, en fer, en vitamine B12
  • Recherchez également d'éventuelles intolérances alimentaires
  • Faites un bilan thyroïdien complet (T3, T4, TSH, RT3) car l'hypothyroïdie est souvent reliée à l'hypochlorhydrie. Je vous en parlerai plus tard. 


Comment stimuler naturellement la production d'acide chlorhydrique (HCl) ?

  • Pour ceux qui ont un extracteur de jus, il serait souhaitable de démarrer vos repas avec un jus de chou frais qui est riche en vitamines U ou un jus de choucroute ou de betterave lactofermentés.
  • Prenez une cuillère à soupe de vinaigre dilué dans de l'eau un quart d'heure avant le repas. 
  • Pour les bons mastiqueurs, vous pouvez consommer une à 3 cuillères à soupe de choucroute crue en début de repas. 
  • Rééquilibrez votre alimentation selon les principes de la Paléobiotique ou Powerbiotique
  • Diminuez les féculents et les sucres. Je conseille la suppression, dans un premier temps, de toutes les farines contenant du gluten mais également du maïs et du riz. 
  • Mangez des protéines à chaque repas. Si vous avez un SIBO, vous ne digérerez pas les protéines végétales. Il faudra attendre de vous ré équilibrer pour pouvoir y parvenir. 
  • Cuisinez à la vapeur douce et au court-bouillon 
  • N'hésitez pas à consommer des épices favorisant la digestion comme la cardamome, gingembre, le cumin, le fenouil, la badiane, le piment en petites quantités et les herbes fraîches comme l'estragon, le basilic, la menthe poivrée. 

Si cela ne suffit pas et que votre acidité gastrique ne s'améliore pas, vous pouvez prendre un complément alimentaire d'acide chlorhydrique*

Attention, on ne peut pas régler un problème de déficit en acide chlorhydrique tant qu'on n'a pas réglé son problème de thyroïde !

Si vous êtes en Hypothyroïdie il faudra stimuler votre thyroïde avec des nutriments essentiels à son bon fonctionnement :

  • La tyrosine qui est un acide aminé qu'on trouve dans les protéines animales et certains oléagineux. N'oubliez pas que c'est le matin que l'on stimule nos hormones thyroïdiennes et qu'il faut donc privilégier un petit déjeuner protéiné. 
  • Le zinc qu'on trouve dans les huîtres, les coquillages, les foies d'animaux, dans certains poissons et un petit peu dans les graines de courge 
  • Le sélénium que l'on trouve dans les noix du Brésil bio, dans les abats d'animaux, dans la dinde, le porc, les poissons, les champignons et dans les céréales complètes que vous aurez du mal à absorber tant que votre estomac n'aura pas retrouvé son acidité. 
  • L'iode que l'on trouve dans les fruits de mer et dans les algues. Ils doivent impérativement être mangés crus. 
  • La vitamine B12 que l'on trouve dans les fruits de mer, des abats d'animaux, les viandes rouges, le poisson, le poulet, le jaune d'œuf 
  • La vitamine D3 que l'on trouve dans les poissons gras, le beurre Bernard Gaborit cru, le jaune d'œuf et bien sûr une complémentation de 4000 unités par jour. 

Pensez également aux aliments riches en vitamine C et à l'avoine pour ceux qui le supportent car selon des études, cela contribuerait a booster la thyroïde.


Quels compléments alimentaires privilégier ?

Je vous ai sélectionné quelques compléments que j'ai moi même testé étant, hélas touchée par l'achlorhydrie. Comme personne ne m'en avait parlé, j'ai dû me mettre en chemin moi même (comme d'habitude) ...

Voici quelques exemples de compléments utilisés pour traiter le manque d'acide chlorhydrique et d'enzymes digestives : (cliquez sur le nom des compléments pour les trouver directement sur le site)

Gastrazyme : cicatrisant gastrique 2 comprimés à chaque repas

Seulement au bout de 15 jours continuer et introduire

Hydrozym ou HCL+ : stimule la production d’HCL 1 à chaque repas pendant 1 mois et augmenter à 2 à chaque repas si ce n'est pas suffisant en fonction de votre âge. Plus le problème est ancien, plus ce sera long et vous devrez augmenter les doses. A vous de voir.

Intenzyme Forte : 2 comprimés à la fin de chaque repas (à adapter selon les personnes) se sont des enzymes à effet systémique


Si vous avez un SIBO :

Je conseille de faire le jeûne intermittent ou fasting (16h entre le repas du soir et de midi) afin de mettre au repos l'organisme.

ADP : anti bactérien à prendre pendant 6 semaines, 2 à chaque repas 3 fois par jour, même si vous faites un jeûne intermittent

Biotics Para (anti parasitaire): 1 comprimé par jour. déconseillé aux femmes enceintes et allaitantes.

Beta TCP : améliore la production de la bile, améliore la digestion et l'assimilation des graisses: 2 comprimés à chaque repas

Tenez moi au courant de vos résultats d'ici 2 mois. Bien entendu, ce genre de remèdes ne sont efficaces que si vous observez une alimentation de type Paléobiotique pour ceux qui connaissent, et que vous mastiquez soigneusement à chaque repas !

Portez vous bien !


Marion Kaplan


Sources : 

Brigitte Mercier Fichaux, Diététicienne DE formatrice

Professeur Vincent Castronovo

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