23 / 06 / 2021

Nous ne sommes pas victimes de nos gènes grâce à l'épigénétique

Nous ne sommes pas victimes de nos gènes ! L’épigénétique nous donne les solutions pour être en bonne santé, ralentir le vieillissement en passant par la guérison de la conscience.

Nous ne sommes pas que nos gènes. Nous savons désormais, grâce à l’épigénétique, que nous avons le pouvoir d’agir sur leur expression, c’est-à-dire de faire taire les gènes délétères, et activer les gènes protecteurs. Une alimentation saine, une activité physique régulière et une bonne gestion du stress, ainsi que de nos pensées et émotions, constituent, comme nous l’avons vu (Génétique et épigénétique : comment ne pas tomber malade), les trois terrains d’action pour être et rester en bonne santé, garantir une bonne transmission à nos descendants, mais aussi… ralentir le vieillissement, ainsi que l’a montré récemment une étude, et de contribuer ainsi à augmenter l’espérance de vie en bonne santé. Tout dépend de nous, comme nous allons le voir, ainsi que les différents moyens pour offrir un terrain irréprochable tant physique que psychique à l’ensemble des possibles.

Petit rappel des faits 

Notre patrimoine génétique se compose de 46 chromosomes hérités de nos deux parents (50/50) sur lesquels on compte 30 000 gènes qui constituent notre génome. Loin d’être figé, notre génome est en fait un système dynamique et interactif, comme nous l’apprend l’épigénétique. Si la génétique correspond à l’étude des gènes, l’épigénétique (du grec ancien epi, « sur », « au-dessus ») s’intéresse à une « couche » d’informations complémentaires qui définit comment ces gènes vont être utilisés par une cellule ou ne pas l’être (donc être exprimés ou non)1. L’épigénétique permet d’expliquer, par exemple, pourquoi deux jumeaux qui partagent le même génome ne sont jamais parfaitement identiques, ce parce qu’un même génome peut s’exprimer différemment. Les changements dans l’activité des gènes constituent ce que l’on appelle des modifications épigénétiques (ou marques épigénétiques), n’impliquant pas de changement dans la séquence d’ADN, qui peuvent être transmises (lors de divisions cellulaires) et sont réversibles. Elles peuvent être transitoires ou pérennes, c’est-à-dire qu’elles persistent lorsque le signal qui les a induites disparaît. L’ensemble de ces modifications épigénétiques constituent l’épigénome. Les modifications épigénétiques sont induites par l’environnement au sens large : nos cellules reçoivent en permanence toutes sortes de signaux sur leur environnement de manière à ce qu’elles se spécialisent au cours du développement (cellule de la peau, cellule du foie, cellule du cœur…)2 ou ajustent leur activité à la situation. Nos comportements, tout comme nos pensées, nos émotions, figurent également parmi ces signaux pouvant conduire à des modifications dans l’expression de nos gènes. Ce, pour le meilleur : éviter la maladie à laquelle nous sommes prédisposés, comme pour le pire : la déclencher en activant les gènes de la maladie, alors qu’ils « dormaient » jusqu’ici.

Un exemple avec le diabète

Pour illustrer cela, imaginons par exemple que vous avez une prédisposition au diabète. La prédisposition à cette maladie est le résultat de l’interaction particulière de plusieurs gènes, qui doivent être activés pour que votre diabète se déclare. Et pour les activer, il faut manger beaucoup de sucre et de féculents. Une alimentation saine au contraire les inhibera. Les gènes eux-mêmes ne changent pas dans l’opération, c’est leur expression qui change3. De même, un microbiote perturbé peut déclencher la prédisposition au diabète tandis qu’un microbiote en bonne santé peut l’empêcher ou la supprimer. Mais l’inverse est vrai aussi : il peut arriver qu’une personne génétiquement prédisposée à avoir un poids normal grossisse si son microbiote est durablement perturbé par la malbouffe, la sédentarité et/ou l’exposition à certaine toxines, et bien sûr le stress ! Le stress, d’une manière générale, intense surtout et cumulatif, est responsable de nombre de pathologies. Qui plus est, il se transmet aux générations suivantes. Nous allons voir plus en détail ensuite comment, et les solutions pour en sortir et inverser le processus, le faire disparaître.

Avant de continuer, si vous le souhaitez, vous avez la possibilité de connaître vos susceptibilités à telle ou telle maladie en effectuant des tests génétiques HLA. Pour la maladie cœliaque par exemple, on recherche les gènes HLA DQ2 ou HLA DQ8 (Mieux comprendre votre organisme : quels tests effectuer?).


Qu’en est-il du vieillissement ?

Ainsi, une alimentation et un mode vie sains, couplés à une bonne gestion du stress peuvent donc tordre le cou à la maladie. Mais qu’en est-il quand nous vieillissons ? L’âge avancé est le plus grand facteur de risque d’altération des fonctions mentales et physiques et de nombreuses maladies non transmissibles, notamment le cancer, la neurodégénérescence, le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires. Si on ne peut pas encore inverser le vieillissement, peut-on, par ce type d’interventions, le ralentir ? La réponse est oui, selon les auteurs d’une étude récente parue il y a quelques semaines dans la revue Aging4.

Dans cette étude, les chercheurs ont invité 43 hommes âgés de 50 à 72 ans en bonne santé à suivre un programme de huit semaines comprenant des conseils en termes d’alimentation, d’exercice physique, de relaxation pour la gestion du stress et de sommeil. Ils ont également reçu une supplémentation en phytonutriments et en probiotiques. Ce programme multimodal s’est soldé par des résultats assez spectaculaires, surprenant les chercheurs eux-mêmes. Les participants ont en effet vu leur ADN gagner jusqu’à trois années de vie (3,23 précisément ) par rapport à celui des participants du groupe témoin (qui n’avaient rien changé à leurs habitudes).

Les chercheurs soulignent que le protocole mis en place a été conçu pour cibler tout particulièrement le mécanisme dit de méthylation de l’ADN qui est hautement corrélé à l’âge biologique (appelé aussi âge épigénétique ou encore ADNmAge). Ce dernier est considéré comme plus fiable que l’âge chronologique pour prédire la mortalité toutes causes confondues et les comorbidités.


Un mécanisme essentiel

Le mécanisme de méthylation de l’ADN dicte la manière dont le génome est exprimé dans les cellules et définit les spécificités de chaque cellule. Il s’agit de modifications chimiques qui interviennent pour réguler l’expression des gènes sans modifier la séquence d’ADN. Des groupements dits « méthyles » se positionnent sur l’ADN, ce qui modifie la façon dont la cellule va lire le génome. La méthylation de l’ADN éteint les gènes, de manière stable mais potentiellement réversible. Ce sont ce (c’est cela que) que l’on appelle les marques épigénétiques5.

Il est absolument essentiel d’avoir un bon niveau de méthylation. Or, les horloges de la méthylation avancent avec l’âge. En vieillissant, on en perd plus qu’on en gagne, et notre méthylome s’amenuise. La bonne nouvelle apportée par les chercheurs, c’est donc que l’on peut agir sur le processus.

L’alimentation conseillée était essentiellement végétale avec des apports élevés en nutriments impliqués dans le processus de méthylation (folates : La vitamine B9 : une vitamine essentielle à votre santé), bétaïne…), des protéines animales riches en nutriments (foie, œufs) et des apports restreints en glucides. Les participants ont également été invités à faire un jeûne intermittent et ils ont été supplémentés en phytonutriments (sous forme de poudre de fruits et de légumes) et en probiotique : Lactobacillus plantarum précisément.

Ils devaient pratiquer au minimum 30 minutes d’activité physique au moins cinq fois par semaine, et effectuer des exercices de respiration deux fois par jour afin de réduire le stress. Enfin, les participants devaient dormir au moins sept heures par nuit.

Ce programme multimodal a ainsi montré, en seulement huit semaines, qu’il était possible d’inverser le vieillissement épigénétique chez des personnes âgées en bonne santé, ce en gommant, voire effaçant certaines des modifications épigénétiques qui résultent de différents facteurs environnementaux du vieillissement.

Des résultats spectaculaires qui suggèrent également qu’une alimentation et un mode de vie très sains tout au long de la vie sont en mesure de prévenir le vieillissement épigénétique de l’ADN, prolongeant ainsi l’espérance de vie en bonne santé.

Outre ceci, les chercheurs ont pu mettre en évidence une relation très probable entre le stress et le vieillissement accéléré. Il a été montré que le stress cumulatif était associé au vieillissement du méthylome.


Épigénétique et transmission intergénérationnelle du stress

Ainsi, nous revenons toujours à notre ennemi juré qu’est le stress. Non seulement il nous rend malade, étant responsable de nombreuses pathologies, mais en plus il est transmissible. Plusieurs études sur des modèles animaux l’ont montré6, notamment celle parue en 2013, sur des rats. Dans cette expérience, les chercheurs ont associé un léger choc électrique à une odeur spécifique, afin qu’ils développent un réflexe de peur systématique. Ils ont constaté que les descendants de ces rats, qui n’avaient jamais vu leur géniteur ou étaient nés par fécondation in vitro, sursautaient dès qu’on leur présentait cette même odeur. Et la même chose s’est reproduite à la génération suivante. Les marques épigénétiques avaient été transmises, ce par le sperme.

Certes, nous ne sommes pas des rats, mais des données existent concernant l’humain. Elles proviennent « d’expérimentations naturelles dramatiques »7, celle de la grande famine de l’hiver 1944-45 aux Pays-Bas par exemple. Les enfants dont les mères l’ont vécue et y ont été exposés durant le premier trimestre de grossesse avaient un petit poids de naissance et des profils lipidiques altérés à l’âge adulte, accompagnés de changements épigénétiques persistants. Parmi ces enfants, les filles qui sont devenues mères à leur tour ont mis au monde des bébés de petite taille.

Autre drame : l’effondrement des Twin Towers à New York le 11 septembre 2011. Des études ont montré que des enfants dont les mères, enceintes, ont assisté à ce drame étaient plus stressés que d’autres enfants qui n’avaient pas vécu ce choc in utero.

Comme le souligne Boris Cyrulnik, les neurosciences montrent que lorsque les parents sont et restent traumatisés, ce choc se transmet, même en silence. Il en existe moult exemples. Si les parents sont sécurisés, ils deviennent sécurisants pour leurs enfants. Pour preuve, cette expérience menée à l’hôpital sur des bébés dont les parents étaient traumatisés : des électroencéphalogrammes (EEG) ont été réalisés sur les enfants, montrant qu’ils sécrétaient moins d’hormones de croissance et sexuelles. Il a suffi de deux nuits, où les parents et les bébés ont été entourés, pour que l’examen redevienne normal.


Des « cicatrices » effaçables

Les marques épigénétiques, les « cicatrices » de l’ADN, mais aussi les cicatrices de l’âme, sont réversibles donc « effaçables » par un changement global de mode de vie (alimentation, activité physique, sommeil…) certes, mais aussi de mode de pensée, par un questionnement et un dépassement de nos croyances. Tout dépend de nous, tout part de nous. Pour changer le monde, nous devons changer notre monde.

L’esprit agit sur la matière. Nos croyances contrôlent notre biologie. Comme le dit pertinemment Bruce Lipton, les pensées négatives et positives façonnent notre biologie. Comme l’effet placebo nous guérit, parce que l’esprit est persuadé qu’on l’a soigné, l’effet nocebo nous rend malade. On vous dit que vous êtes malade, votre esprit le croit. Vous pensez être malade, vous le devenez physiquement, biologiquement.

Oui, les pensées positives guérissent (Et si la pensée soignait mieux que les médicaments ?). En ce sens, l’épigénétique exprime en quelque sorte une guérison de la conscience, pour reprendre les termes de Bruce Lipton.

A chacun d’entre nous de décider d’être heureux parce que c’est bon pour la santé, comme disait Voltaire. En un mot, il faut passer à l’action.

Pour cela, la gestion du stress, qui génère des pensées négatives, un sentiment d’insécurité, de mal-être, de peur, est bien sûr incontournable : un stress réveille tous les autres stress, et on sait que l’on peut tomber malade d’un coup.

Il existe différentes méthodes de gestion du stress, à chacun de voir ce qui lui correspond le mieux : le yoga, le tai chi, dont la pratique régulière a d’ailleurs été associée à des pertes plus lentes de méthylation de l’ADN liées à l’âge chez 500 femmes, ou encore la méditation de pleine conscience, dont il est prouvé scientifiquement qu’elle génère des éléments qui vont lutter contre le stress, l’inflammation et l’oxydation du corps.

Vous avez aussi la cohérence cardiaque, et commencez n’oubliez pas votre nerf vague, la meilleure autoroute de l’information de tout notre métabolisme. Les personnes ayant une activité élevée du nerf vague ressentent plus d’émotions positives et apprécient davantage les interactions sociales (Et si c’était le nerf vague ? et Comment activer le nerf vague ?).

Vous avez aussi le Ho’oponopono pour « remettre les choses en ordre », « rétablir l’équilibre ».

C’est en effet d’équilibre dont il s’agit, celui de votre corps, celui de votre esprit et l’équilibre entre les deux : ils doivent vivre en bonne intelligence.


Un esprit sain dans un corps sain, non carencé

Il va de soi qu’il essentiel d’avoir une alimentation saine, qui apportera tous les nutriments nécessaires à cette véritable armée à nourrir que sont vos 100 000 milliards de bactéries - et leurs milliers de gènes, ne l’oubliez pas : ce qui constitue notre métagénome - œuvrant à votre paix globale : votre pleine santé tant physique, mentale, cérébrale, psychique. Je vous en ai parlé à plusieurs reprises.

Mais vous ne pourrez profiter pleinement d’une alimentation saine si vous ne mastiquez pas bien, si votre estomac n’est pas suffisamment acide, si votre thyroïde fonctionne mal et/ou encore si vous avez des carences. Les analyses de sang classiques ne couvrent pas du tout l’ensemble des éléments biologiques qui pourtant marchent en synergie pour le bon fonctionnement de notre corps. La vitamine B9 (ou acide folique), par exemple, n’est jamais demandée dans le bilan sanguin, alors qu’elle est essentielle à la santé comme je vous l’ai expliqué et que nous venons de le voir pour la protection de notre ADN. Aucune des vitamines du groupe B d’ailleurs n’est d’ailleurs demandée, alors qu’elles sont toutes absolument essentielles, au bon fonctionnement de vos mitochondries par exemple, comme nous l’avons vu (voyage en mitochondries). De tous les nutriments définis comme vraies vitamines, ceux qui ont le plus d’impact direct sur le métabolisme cellulaire et la production d’énergie sont celles du groupe B : B1, B2, B3, B5, B6, B9 et B12. Ce groupe est constitué de nombreux nutriments distincts, chacun étant soit un cofacteur dans un processus métabolique important, soit un précurseur d’une molécule importante liée à l’énergie8.

Pour ne citer que cet exemple. Tout fonctionne en synergie. Tout est à prendre en considération et en compte pour un bon fonctionnement global, une bonne assimilation.


En conclusion

Il se trouve que j'ai fait l'analyse de mon génome. Ce bilan analyse 55 gènes et répertorie mes gènes protecteurs et mes gènes dits sales, c'est à dire ceux qui pourraient me faire évoluer vers la maladie. Je devrais être obèse, diabétique, avoir un foie gras, des problèmes cardio vasculaires et ne supporter aucun produits chimiques ou médicaments car mon foie les détoxifie mal. et j'en passe... j'ai tout évité en écoutant mon corps, en travaillant sur moi et en modifiant mon mode de vie! Si j'avais fait ce test avant, j'aurais moins perdu de temps à tatonner. C'est bien, la science avance!

Demain, ou déjà aujourd'hui, vous pouvez agir sur votre corps et votre esprit pour une bonne santé globale, une bonne transmission à vos descendants, vos enfants, petits-enfants, arrière-petits- enfants… et vivre plus longtemps en bonne santé. Être heureux. L’esprit agissant sur la matière, il vous revient d’équilibrer votre corps et votre esprit pour accéder au bonheur, encore faut-il vous mettre en chemin pour cela, le décider. C’est le point de départ à l’ensemble des possibles, pour le meilleur, et non pour le pire, comme je vous l’énonce sous forme de dix prescriptions de vie et de santé, dix ordonnances à expérimenter, dans mon livre 10 règles pour équilibrer votre cops et votre esprit (Marion Kaplan, Ed. Jouvence). À la lumière de ce tout ce que nous venons de voir ici, il reste indémodable.

Pour aller + loin en vidéo : L’happy Génétique : L’analyse de notre ADN à la portée de tous pour prévenir 90% de nos maladies. Marimiina Quenor Pykälistö, nutritionniste et spécialiste en médecine fonctionnelle, Diplômée de l’université Finlandaise d’Helsinki et membre fondateur de l’association Génie Santé.

 


Marion Kaplan avec la collaboration de la journaliste Myriam Marino

Notes : 

1 - Dossier épigénétique, Inserm, 2015

2 - Chacune de nos cellules contient l’ensemble de notre patrimoine génétique, mais si elles contiennent toutes la même information, elles n’en font pas le même usage, op. cit. 1

3 – Paléobiotique : Changez radicalement d’alimentation, mangez comme vos ancêtres, sauvez votre microbiote, Thierry Souccar Éditions, Marion Kaplan, 2015

4 – Kara N. Fitzgerald et al. Potential reversal of epigenetic age using a diet and lifestyle intervention : a pilot randomized clinical trial, Research Paper, Aging, Volume 13, Issue 7, April 12, 2021

5 - L’art de la méthylation, Institut Curie, 18 novembre 2016

La méthylation de l’ADN est contrôlée par des enzymes dont chacune est essentielle

La méthylation de l’ADN joue un rôle crucial au début du développement, notamment alors que l’embryon va former tous les types cellulaires.

6 - Gapp K, Jawaid A, Sarkies P et coll. Implication of sperm RNAs in transgenerational inheritance of the effects of early trauma in mice. Nature Neuro-science, 2014 ; et : Tyrka E.-R, Price L.-H, Marsit C et al. Childhood adversity and epigenetic modulation of the leukocyte glucocorticoid receptor : preliminary findings in healthy adults, PLOS One N°7 (2012)

7 - Santé politique : Construction de la santé et des inégalités sociales de santé : les gènes contre les déterminants sociaux

8 - Les mitochondries au cœur de la médecine du futur : leur rôle essentiel dans de nombreuses maladies et leur guérison, Le Knox, Ed. Dangles, 2019


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