Aujourd'hui quand on parle de la
viande, on ne sait plus de quoi il s'agit. La viande. Quelle viande ? D'où vient-elle ? Quelle a été la vie de l'animal ? Comment a-t-il été nourri ? A-t-il été élevé en pâturages ou en semi-liberté ? Ou bien a-t-il été confiné dans des hangars sans jamais voir le jour ? Ou bien a-t-il été emprisonné dans des stalles sans jamais bouger ? On ne sait plus de quoi il s'agit.
Nous avons tellement modifié génétiquement les animaux, nous les avons tellement maltraités (et nous le faisons encore), nous avons tellement modifié leur alimentation, leur bien-être, leur mode de vie, qu'on ne peut plus comparer une vache ou un poulet d'aujourd'hui avec ceux d'il y a 200 ans.
Avant l'invention de la voiture, les animaux étaient au pré en semi-liberté.
Des vaches regardant passer les trains en paissant tranquillement était le cliché de la vie paisible à la campagne. Le lait qu'elles fournissaient était de bonne qualité sans caséine A1 si perturbatrice pour les intestins fragiles ! L’Hiver, on les rentrait à l'étable pour les mettre à l'abri et elles mangeaient le foin qu'on avait récolté durant l'été.
Je suis née en 1956 avec des souvenirs d'enfance à la campagne. En effet, mon arrière grand-mère avait sa maison en Touraine avec de grandes étendues d'herbe que nous fauchions à la faux, que nous mettions dans une carriole tirée par Nénette, la jument de trait, et que nous montions au grenier pour l'hiver. Les gamins adorent jouer dans le foin ! Terminé tout ça ! Nénette a été remplacée par un tracteur. Nénette nous a quittée avec le progrès… et quel progrès !
Aujourd'hui, la planète se meurt à cause des monocultures de
soja, de
maïs, de
blés cultivés pour nourrir un peu les hommes et surtout le bétail !
Or, les vaches sont herbivores et non pas granivores ! Heureusement qu'on a arrêté de les nourrir aux farines animales car tout le monde sait que les vaches ne sont pas carnivores ! J'ai largement évoqué dans mes précédents articles la toxicité de l'élevage intensif…
De nombreuses études révèlent les conséquences délétères des mangeurs de viande versus
vegan ou végétariens, vantant le bien-être des personnes ne mangeant pas de viande. Sur la toile, de nombreux blogueurs témoignent de la guérison de leur
cancer, de leur
diabète, de leur hypertension, de leur polyarthrite, de leur
surpoids etc.
Cependant, il faut bien comprendre que les études sont élaborées sur des populations dont on ne gère pas tous les paramètres. Il est évident qu'un vegan ou un végétarien fait plus attention à ce qu’il mange, il consomme de préférence des produits bio et locaux et ne boit pas de coca cola ! En général ils évitent les plats industriels, ils ne fument pas, ne boivent pas d'alcool, et font de l'exercice physique.
Si déjà l'ensemble de la population ne fumait pas, ne buvait que peu de vins bio, boycottait tous les plats industriels et faisait elle-même la cuisine crue et cuite à la vapeur douce, tout en faisant de l'exercice physique régulier, il y aurait certainement moins de maladies !
Les études devraient comparer ce qui est comparable.
Lançons une vraie étude dans laquelle on recommanderait aux deux parties de manger des légumes bio deux fois par jour, assaisonnés de bonnes huiles pressées à froid, riches en
oméga 3, en évitant le
sucre et ses dérivés et en supprimant tous les plats industriels.
Les uns ne mangeraient que des végétaux, que ce soit des légumes, des céréales, des légumineuses, des noix etc. et les autres en plus de ces végétaux mangeraient des protéines animales réparties ainsi :
–des œufs deux fois par semaine
–de la viande toutes confondues deux fois par semaine maximum
–du poisson deux fois par semaine
–un produit laitier de chèvre ou de brebis une fois par semaine
Peut-être, chez les mangeurs de viande, devrions-nous tenir compte de la qualité de cette viande et faire un troisième groupe avec des mangeurs de viandes issues d’élevages irréprochables versus élevages intensifs.
Je ne sais pas si cela ferait une réelle différence mais ce serait intéressant de le constater.
On conduirait cette étude sur trois ans. Des analyses biologiques poussées seraient effectuées au départ et à la fin de l'étude. Par exemple, (votre médecin saura de quoi il s'agit), voici le type d'analyses à effectuer :
Indice
Homa et quicky qui nous donnent une idée de notre glycémie et de notre sensibilité à l'insuline, la
zonuline qui peut nous indiquer si il y a une perméabilité intestinale, l'
homocystéine qui peut nous révéler un problème au niveau de notre méthylation et de la fragilisation de nos mitochondries, la
CRP ultrasensible qui nous permet de révéler une inflammation de bas grade, toutes les
vitamines A,B,D, les principaux minéraux comme l'
iode, le
zinc, le
magnésium, la
ferritine, des éléments essentiels comme la
L-carnitine et la
carnosine, qui contribuent à la bonne marche de nos mitochondries, le
TMAO que l'on trouve chez les personnes mangeant beaucoup de viande, d’oeufs et de poissons et qui peut révéler des problèmes cardiaques, et éventuellement une analyse de notre microbiote intestinal appelée
DMI (Dysbiose- Mycose- Intestinale).
La plupart de ces analyses ne sont pas remboursées par la sécurité sociale, seulement une petite partie.
Croyez-moi que là on verrait réellement quel régime est le plus approprié. Cela nous éviterait tous ces bavardages et témoignages infondés, vantant la supériorité de tel régime sur tel autre et encourageant les gens vers un intégrisme alimentaire entraînant une désocialisation.
Je n'ai pas parlé du
cholestérol car cela fait longtemps qu'on a compris que ce n'était pas lui le responsable de nombreuses pathologies comme on l'a voulu nous le faire croire. Le Docteur de Lorgeril l’a largement démontré dans ses études et ses livres.
Revenons à la viande :
Comme dirait Pierre Weill, « quand vous mangez de la viande vous mangez ce que l'animal mange » !
Poulet versus bœuf : quel est le meilleur pour l'environnement et le plus sain ?
En général, le poulet est considéré par la plupart, comme une viande blanche, pauvre en gras et donc meilleure pour la santé. Sa consommation dans le monde ces 50 dernières années a augmenté de plus de 400 % alors que la consommation de bœuf est plutôt en décroissance.
Peut on vraiment sauver notre santé et notre planète en mangeant plus de poulet et moins de viande rouge ?
On est moins choqué de manger un poulet car la souffrance d'un oiseau nous paraît moins violente que celle d'un mammifère qui peut nous regarder avec ses yeux tendres. Pourtant quand on voit les élevages de poulets, c'est peut être pire. La viande traditionnelle de bœuf et de poulet que vous mangez est issue d'élevages intensifs, les animaux sont élevés dans des conditions déplorables, confinés, malades, criblés d'antibiotiques, pour ne pas se contaminer les uns les autres, abattus au bout de quelques semaines (d'ailleurs, cela vaut mieux pour eux qu'une vie longue de souffrance), nourris au blé et au maïs
OGM pour les poulets, au maïs et au soja pour les vaches, quand ce ne sont pas des hormones de croissance et autres. Leurs urines abondantes contaminent les nappes phréatiques et intoxiquent l'eau des sous-sols. Quand vous mangez la chair de ces animaux vous mangez en même temps des omégas 6, pro inflammatoires, des
pesticides, des herbicides et des OGM.
Les poulets sont certainement plus maltraités que les vaches. Ils sont enfermés dans des cages dans lesquelles ils ne peuvent pas se mouvoir, ou alors dans des hangars sans jamais voir le jour avec le bec coupé pour éviter qu’ils ne se bagarrent à mort. Ces poulets ont un squelette très fragile et sont en surpoids, rentabilité oblige ! Rien à voir avec les poulets de mon enfance. Rien que pour couper la cuisse, il fallait un couteau très tranchant et bien connaître où se trouvait l'articulation pour mieux couper. Aujourd'hui vous coupez une cuisse de poulet à la main, elle se détache toute seule…
Les poulets sont élevés dans un tel confinement que cela favorise la contamination aux salmonelles et les éleveurs ont tendance à charger sur les antibiotiques qui deviennent résistants à de nombreuses bactéries. Donc quand vous mangez de tels poulets vous pouvez également ingérer des bactéries pathogènes résistantes comme la salmonelle, la campylobacter, le Clostridium perfringens, et peut-être d'autres que nous ne connaissons pas.
Alors, on peut comprendre qu'un végétarien ne consommant pas de viande évite ce type de problème. Peut-être aura-t-il des carences ou une insulinorésistance à force de manger trop de fruits et trop de
céréales hyperglycémiantes, mais cela est un autre sujet.
Donc, à choisir, Il vaut mieux consommer un boeuf élevé à l'herbe dans de bonnes conditions qu'un poulet de batterie. Trouver un vrai poulet de basse-cour est quasiment impossible aujourd'hui. D'ailleurs, les consommateurs ne les aiment pas, car ils trouvent la chair trop dure.
La chair de poulet contient des protéines, quelques vitamines et minéraux alors que la chair de bœuf élevé à l’herbe contient des
oméga 3 qui combattent l'inflammation, du
fer héminique beaucoup mieux absorbé que le fer issu des végétaux, de la
L-carnitine (le poulet n'en contient pas) qui transporte le sucre vers les muscles et contribue au bon métabolisme des graisses , de la
carnosine (acides aminés anti-inflammatoires ayant des propriétés de régulation du système immunitaire), de la
CoQ10 si importante pour faire marcher nos mitochondries, nos muscles et réparer le tissus, de
l'acide linoléique, du
glutathion qui est le roi des antioxydants et qui aide à combattre le stress oxydatif, tout en maintenant une bonne musculature et en améliorant nos performances, de la
taurine qui permet de réguler notre sécrétion d'insuline et permet d'améliorer la tolérance au glucose, c’est un puissant antioxydant, du
sélénium, du
zinc, du
phosphore et beaucoup plus de
vitamines B6 et B12 que le poulet.
Cependant vous ne pourrez obtenir ces bienfaits que si vous consommez impérativement
du bœuf issu d'élevages à l'herbe. Il vaut mieux ne pas en consommer si vous n'êtes pas sûrs de leur provenance.
Personnellement, j'ai à côté de chez moi un boucher
paléo qui trace ses animaux jusqu'à l'abattoir où ils ne sont pas maltraités. Il y a également un
site Internet d’éleveurs éthiques* qui élèvent leurs animaux uniquement à l'herbe. Vous pouvez les commander et les mettre dans votre congélateur.
Normalement un bœuf peut nourrir une personne pendant deux ans. Ainsi, en mangeant moins de viande, les élevages intensifs deviendraient obsolètes et nos vaches pourraient retourner au pré d'où elles n'auraient jamais dû partir … consommer de la viande de bœuf une fois par semaine suffit amplement pour couvrir nos besoins de tous ces éléments. Le reste des protéines sera apporté par les
oeufs, les
noix, les fromages de
chèvre et de brebis, et le
poisson qui commence à poser de sérieux problèmes.
On ne va pas devenir orthorexique, mais c'est vrai que manger sainement est devenu de plus en plus compliqué. Alors, mangeons moins, laissons le temps à notre corps d'éliminer ses toxines et de se réparer. Cela sera un moindre mal. Avant, c'était les famines qui nous obligeaient à moins manger, aujourd'hui c'est la toxicité de notre environnement, ce n'est pas mieux…
Vive le progrès ! Je rigole…
Marion Kaplan
www.thenutritionwatchdog.com
www.leboeufdherbe.com