8 / 11 / 2022

Comment éviter les perturbateurs endocriniens dans l’alimentation

Nous sommes nombreux à être préoccupés - à juste titre - par les perturbateurs endocriniens (PE), ces substances chimiques capables d’interagir avec notre système hormonal. Ils sont des centaines et ils sont partout : dans l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, les produits d’hygiène et cosmétiques, nombre d’objets familiers, ainsi que nos aliments et autres contenants et ustensiles alimentaires. L’alimentation étant une des principales sources d’exposition aux PE, je vous propose de voir ensemble les bons gestes à adopter pour limiter au mieux notre exposition à ces toxiques aux effets, qui plus est, transgénérationnels.

Plusieurs centaines de substances chimiques

Bisphénol A (BPA), pesticides, phtalates, parabènes, dioxines, perfluorés, perchloroéthylène, filtres UV, BHA, retardateurs de flamme bromés, métaux lourds (comme le mercure et le cadmium), pesticides agricoles… Les perturbateurs endocriniens, qui regroupent une vaste famille de composés chimiques, sont partout, les sources (voies) d’exposition sont nombreuses et se multiplient soumettant notre organisme à une exposition chimique multiple et continue. Nous sommes quasiment tous concernés.

Ces toxiques peuvent pénétrer dans notre corps par voie digestive, via l’ingestion des aliments, des boissons ou de substances (rouge à lèvres, par exemple), par voie respiratoire en inhalant l’air et les poussières (peintures, parfums, produits d’entretien), et aussi par voie cutanée, en traversant la barrière de la peau, via l’utilisation de savons, gels douche, déodorants, etc.1.

Outre dans l’environnement, ils se retrouvent ainsi systématiquement dans le corps humain : dans les urines, le sang, le cordon ombilical et le lait maternel, ce qui n’est pas sans conséquences sur la santé, et celle des générations suivantes. Oui, bien sûr, nous avons de quoi nous inquiéter…

Certes, des efforts ont été faits ces dernières années pour en interdire certains, le tristement célèbre Bisphénol A et certains phtalates, cette grande famille d’additifs plastifiants principalement des objets en PVS souple (revêtements de sol, matériel médical, chaussures, gadgets, etc.), et agents texturants, co-solvants ou fixateurs de fragrances dans les produits cosmétiques. Six d’entre eux sont interdits dans les articles pour enfants car suspectés d’induire de graves atteintes au développement de l’appareil de reproduction masculin. Pour ne citer que ces deux exemples.

Ce qui rend aussi la démarche de les éviter particulièrement difficile, c’est que parfois, il faut aussi se méfier des produits de substitution, qui ne sont pas forcément plus sécures. Prenez la mention « sans paraben » qui pourrait nous rassurer. En fait, il s’avère que les produits de substitution utilisés sont, pour certains, aussi nocifs que les parabènes. C’est le cas du méthylisothiazolinone, par exemple2.

Côté pesticides agricoles, il est particulièrement préoccupant de retrouver trace dans notre corps de certains pourtant interdits depuis des années.

En un mot, ils persistent, ils s’accumulent… Il est aussi difficile d’y échapper que de s’en débarrasser !


Qui sont-ils et quel est le problème

Selon la définition de l’OMS telle que mise à jour en 2012, « un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induit des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact, de ses descendants ou de (sous-) populations ».

Le système endocrinien regroupe, je vous le rappelle, les organes qui sécrètent des hormones, ces « messagers chimiques » : thyroïde, ovaires, testicules, hypophyse, hypothalamus, thymus, surrénales…, qu’il libère dans la circulation sanguine pour agir à distance sur des fonctions essentielles de l’organisme comme la croissance, le métabolisme, le développement sexuel, le développement cérébral, la reproduction… Les perturbateurs endocriniens vont altérer le fonctionnement de ce système de communication entre organes en interagissant avec la synthèse, la dégradation, le transport et le mode d’action des hormones. Leur effet toxique est donc indirect, via les modifications physiologiques qu’ils engendrent3.

En fonction de leurs propriétés chimiques spécifiques, les PE vont soit modifier la production des hormones naturelles (œstrogènes, progestérone) en interférant avec leurs mécanismes de synthèse, de transport ou d’excrétion, soit mimer l’action des hormones naturelles en se substituant à elles dans les mécanismes biologiques qu’elles contrôlent (c’est l’effet agoniste, comme avec le Bisphénol A), soit empêcher l’action de ces hormones en se fixant sur les récepteurs avec lesquels elles interagissent habituellement (c’est l’effet antagoniste).

Il en découle en conséquence un certain nombre de pathologies chroniques ou développementales avec des troubles de la reproduction (infertilité, puberté précoce), des malformations congénitales (l’hypospadias par exemple), le développement de tumeurs au niveau des tissus reproducteurs ou cibles des hormones (thyroïde, sein, testicules, prostate, utérus…) autrement appelés cancers hormono-dépendants, une perturbation du fonctionnement de la thyroïde, du développement du système nerveux et du développement cognitif, une modification du sex-ratio, diabète, obésité… et même des troubles de l’immunité.


PE et gravité de la Covid-19

Outre ces effets néfastes sur des fonctions essentielles de notre organisme, une étude danoise a mis en évidence le rôle d’un perfluoré4 dans la gravité de la Covid-19. Il s’agit du perfluoré PFBA L’implication des perturbateurs endocriniens dans la gravité de la pandémie a été confirmée dans une autre étude publiée en octobre 2020 par une équipe de l’Inserm révélant que l’exposition à des produits chimiques qui dérèglent le système endocrinien pourrait interférer avec différents signaux biologiques du corps humain jouant un rôle important dans la sévérité de la Covid-195.


Comment les PE passent à travers les mailles du filet réglementaire

Le problème des perturbateurs endocriniens, dont peu sont reconnus comme tels en regard du nombre énorme de ces substances chimiques, c’est qu’ils passent à travers les mailles du filet de la réglementation. Ils ne répondent, en effet, pas aux critères de la toxicologie classique, fondée sur la maxime « rien n’est poison, tout est poison : seule la dose fait le poison », qui veut que chaque molécule présente un certain seuil de toxicité en dessous duquel il n’y a pas de risque. Ceci n’est pas applicable aux perturbateurs endocriniens qui agissent sur des mécanismes internes très sensibles à des petites perturbations. Cinq points les caractérisent constituant un changement de paradigme.

Tout d’abord, ce n’est pas la dose qui fait le poison, mais le moment où l’on va être exposé aux perturbateurs endocriniens. Il y a ainsi une fenêtre de susceptibilité et cette fenêtre de susceptibilité, c’est la période de la gestation, quand la machine épigénétique est très active.

Outre la période fœtale, où l’exposition aux perturbateurs endocriniens peut provoquer de graves troubles chez le fœtus, il existe d’autres périodes de sensibilité aux PE : la petite enfance et la puberté.

Ils sont aussi impliqués dans la prématurité, ainsi qu’il a été mis en évidence dans une étude toute récente, parue dans le JAMA, précisément un lien entre contamination aux phtalates (pour plusieurs métabolites) et prématurité, qui ne cesse d’ailleurs d’augmenter en France. Comme le rappelle le Réseau Environnement Santé (RES), les phtalates sont des perturbateurs endocriniens impliqués dans les grandes maladies infantiles, mais aussi de l’adulte. Ils sont principalement utilisés comme plastifiant, d’où une contamination de la poussière domestique, de l’alimentation et des cosmétiques.

Les phtalates étant éliminés quotidiennement par l’organisme et les grandes sources de contamination étant connues, en les excluant tout bonnement il est possible d’atteindre rapidement une diminution significative et des gains de santé conséquents6. Des solutions existent pour cela, comme je vous l’explique après.

Je reprends les cinq points. Le suivant concerne le fait que la relation dose-effet n’est pas linéaire. Il y a effet à dose très faible, voire par une simple présence, avec des effets paradoxaux, c’est-à-dire un effet fort à faible dose, mais faible ou nul à forte dose.

Il faut aussi prendre en considération l’effet cocktail ou effet mélange, en tant que nous sommes exposés à une multitude de ces produits, à des doses plus ou moins fortes, de manière chronique. L’effet cocktail peut amplifier leur toxicité.

Le quatrième point concerne l’effet de latence : on ne sait pas quand l’effet surviendra, et quand il survient, il n’y a plus de trace directe du ou des polluants, ce qui rend difficile leur identification. Il existe en revanche des traces indirectes avec une modification de l’épigénome. (Lien vers Génétique et épigénétique : nous ne sommes pas que nos gènes). On sait aujourd’hui pertinemment, études à l’appui, que certaines modifications épigénétiques acquises durant la gestation peuvent se transmettre aux générations suivantes. Ceci permet d’expliquer comment les perturbateurs endocriniens peuvent à faible dose déclencher des maladies, non seulement chez la personne exposée, en particulier dans l’utérus, mais aussi par transmission chez sa descendance, même si celle-ci ne subit aucune exposition.

Ce qui nous conduit au cinquième et dernier point : les effets transversaux avec un impact sur la santé de l’enfant, du futur adulte et des descendants. C’est l’exemple de l’exposition au Bisphénol A qui a conduit à une baisse de la fertilité des fils, des petits-fils et des arrières-petits-fils après la seule exposition de l’arrière-grand-mère pendant la gestation.


Comment se protéger au mieux des PE

Le tableau est certes noir, étant donnée l’invasion quotidienne qui fait que l’on ne pourra jamais y échapper complètement, et ce pour une longue période, on peut le craindre. Mais il existe des moyens de s’en protéger au mieux, de les limiter au maximum. L’alimentation étant une source importante d’exposition, et comme s’alimenter est ce que nous faisons tous les jours et plusieurs fois par jour, voici quelques conseils pour barrer la route à ces indésirables.


Manger bio le plus possible

Les produits frais bios sont, bien sûr, une garantie de limitation au maximum de toute pollution chimique. Si cela ne vous est pas possible, lavez bien et pelez vos fruits et légumes. Choisissez toujours le circuit le plus court possible pour l’ensemble de votre alimentation.

Côté viandes

Limiter notre exposition aux PE passe par le fait de manger moins de viande, de charcuteries grasses, de produits laitiers et fromages gras, les graisses animales étant les plus contaminées, notamment par des dioxines, des retardateurs de flamme bromés, des PFC voire du BPA post mortem.

Comme dans toute alimentation saine d’une manière générale, il fait éviter les volailles élevées à la farine de poisson et leurs œufs, notamment à cause du mercure.

Il est conseillé de limiter la consommation de foie et de rognons à une fois toutes les deux semaines à cause du cadmium.

Côté poissons

Il faut privilégier les anchois, les harengs, les maquereaux, les sardines… Ces petits poissons végétariens se situent bas dans la chaîne alimentaire et accumulent donc moins de perturbateurs endocriniens. Il est préférable de ne pas consommer la peau et de varier les espèces consommées.

On limitera, inversement, la consommation de gros poissons carnivores ou d’eau douce qui ont eu le temps d’accumuler des perturbateurs dans leurs chairs (dioxines, bisphénols, cadmium…) tels que le thon, le mérou, l’espadon, l’anguille, le barbeau, la carpe, le silure… en variant là aussi les espèces consommées7.

Attention au soja

Il faudra éviter les préparations riches en soja pour les enfants de moins de 3 ans et si vous êtes au début de votre grossesse.

Le soja contient en effet des isoflavones, parfois appelées phyto-œstrogènes ou œstrogènes végétaux, agissant avec tous les récepteurs aux œstrogènes. Ces isoflavones vont donc pouvoir se lier aux récepteurs qui accueillent normalement des œstrogènes. Qui plus est, ces phyto-œstrogènes vont perturber la production d’autres hormones : la FSH et la LH, qui participent au processus de menstruation chez la femme, et qui, présentes chez l’homme aussi, entrent dans le processus de fabrication des spermatozoïdes. Des données montrent que plus on en prend de phyto-œstrogènes, plus le risque d’avoir des spermatozoïdes altérés, et des quantités de spermes inférieures à la norme, augmente.

Les isoflavons du soja peuvent également interférer en diminuant la production d’hormones thyroïdiennes8.

Pas de chewing-gum

Certains chewing-gum contiennent en effet des phtalates, du BHA ou du BHT.

Côté contenants et ustensiles alimentaires

Il faut, bien entendu, éradiquer absolument le plastique, que ce soit pour les boîtes de conserves, les emballages, les biberons, les ustensiles de cuisine, les bouteilles… en particulier pour les aliments gras, acides, chauds, qui passeront au micro-onde ou qui resteront plusieurs jours en contact avec l’emballage parce que ces conditions favorisent la migration de perturbateurs endocriniens.

Il faut éviter les ustensiles traités au téflon.

Pour conditionner ou cuire vos aliments, vous pouvez utiliser des contenants ou ustensiles en verre, inox, grès, céramique, terre cuite et fonte émaillée.

Il faut éviter les additifs E320 (BHA) et la série E214-219 (parabènes).

Pas de triangles 3, 6 et 7

Vous devrez éviter la vaisselle et l’électroménager marqués des triangles 3 (PVC, utilisé pour certains films alimentaires qui pourraient contenir des phtalates), 6 (polystyrène, à ne surtout pas chauffer) et 7 (polycarbonate) : ce plastique rigide n’est pas facile à reconnaître et peut contenir du BPA. Il est souvent utilisé pour les blender, les boîtes hermétiques pour micro-ondes, les cuves d’auto-cuiseur, les cuit-vapeur (utilisez le Vitaliseur !), les douilles de pâtisserie, les pichets, les bacs de réfrigérateur et des sigles PVC, PS ou PC.

Il va de soi qu’il ne faut pas de stocker des aliments, réchauffer au micro-ondes ou cuire des aliments dans ces contenants.

Le PET, qui porte le numéro 1, est à éviter pour des usages fréquents ou une utilisation anormale (respect du temps de chauffe, de la température). Les fabricants utilisent en effet, pour produire le PET, du trioxyde d’antimoine qui se libère dans les aliments avec le temps et la chaleur. On le trouve dans les barquettes à réchauffer, les sacs de cuisson pour le four, les plaques pour le four, les bouteilles de boissons9

D’une manière générale, dans tous les objets du quotidien outre ce qui touche à l’alimentation, évitez tous les triangles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, informant sur le type de plastique utilisé.


Pour conclure

En adoptant ces gestes au quotidien, vous aurez déjà limité considérablement votre exposition aux perturbateurs endocriniens, des gestes à étendre à votre environnement, à vos produits d’hygiène et cosmétiques, dans la mesure du possible, vous l’aurez compris.

Un mode de vie le plus naturel possible restera toujours le meilleur garant d’une bonne santé, tant physique que mentale. Il nous faut sortir du tout chimique et, soyons confiants, nous avons pas mal de cartes en main pour agir en tant que « consommacteurs ».


Marion Kaplan et Myriam Marino.


PODCAST | Notre maison nous pollue-t-elle ? Les PERTURBATEURS ENDOCRINIENS sont partout : 


 


Pour contribuer à l'élimination des perturbateurs endocriniens, voici un premier protocole : 


DETOXNAT Matin et soir des laboratoires Bionops

Pendant 15 jours par mois sur 3 mois

detoxnat Matin : 2 gélules durant le petit déjeuner, 2 gélules durant le déjeuner

detoxnat Soir : 3 gélules durant le diner

Ne convient pas aux enfants et adolescents, aux femmes enceintes ou allaitantes, aux personnes sous traitement de la thyroïde ou anticoagulants, ou ayant une lithiase biliaire sans l'avis d'un professionnel de santé


RLIPOANAT des laboratoires Bionops

acide alpha lipoïque sous sa forme R : 1 gélule au cours du petit déjeuner + 1 gélule au cours du diner pendant 3 mois

Ne convient pas aux femmes enceintes ou allaitantes, aux personnes sous traitement antidiabétique ou hypoglycémiant sans l'avis d'un professionnel de santé



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Notes :

1 - Perturbateurs endocriniens : où se cachent-ils ? Passeport santé, 11 avril 2022

2 – cité en note 1

3 – Perturbateurs endocriniens, un enjeu d’envergure de la recherche, Inserm, 2 octobre 2018

4 - Les perfluorés (PFOA, PFOS) sont utilisés comme revêtement anti-adhérent dans les ustensiles de cuisson (poêle traitée au téflon), les textiles et les produits anti-tâches, les emballages et les cosmétiques

5 – Rôle possible de l’exposition aux perturbateurs endocriniens dans la sévérité de la Covid-19, Inserm 2020

6 – Réduire la prématurité en réduisant la contamination par les phtalates : le RES demande une mission flash sur le sujet, RES, 3 novembre 2022

7 - Cité en note 4

8 - Le soja, ce perturbateur endocrinien bien trop consommé, Natura Sciences

9 - Cité en note 4


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