20 / 07 / 2022

Comprendre la maladie de Crohn pour agir au mieux

Certains d’entre vous m’ont demandé de les éclairer sur la maladie de Crohn, qui - comme la rectolite hémorragique - fait partie des fameuses MICI : maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Pouvant survenir à tous les âges de la vie, la maladie de Crohn impacte fortement le quotidien, pouvant être très invalidante, du fait des douleurs et des complications intestinales et extra digestives qu’elle induit, et des répercussions psychologiques pouvant entraîner des épisodes dépressifs. Les traitements proposés sont lourds et non dénués d’effets secondaires. Il s’agit d’une maladie complexe combinant des facteurs génétiques, environnementaux, immunitaires et psychologiques, où la composition de la flore intestinale semble jouer un rôle important dans la pathogenèse. Ce sont autant de fenêtres d’action, comme nous allons le voir, pour la prendre à bras le corps au plus tôt, voire empêcher sa survenue. 

Quelques repères pour commencer

800 000 personnes seraient concernées par la maladie de Crohn en France. La prévalence est de 1/1000 dans les pays industrialisés. C’est dans ces pays qu’on la retrouve le plus fréquemment (Europe du Nord et Amérique du Nord), mais la maladie gagne du terrain dans les pays en cours d’industrialisation (Asie, Moyen Orient…), zones jusqu’ici relativement épargnées ou à faible incidence, avec une augmentation rapide du nombre de cas. S’il n’est pas le seul, l’environnement se révèle ainsi un facteur de poids dans le déclenchement de la maladie, comme nous le verrons un peu plus en détail ensuite.

La maladie de Crohn peut survenir à tout âge, y compris dans l’enfance. Elle est le plus souvent diagnostiquée entre 20 et 30 ans. 5% des formes se déclarent après 60 ans. Les femmes sont un peu plus nombreuses à être touchées par la maladie (13 femmes pour 10 hommes).

Côté enfants, 10 à 15% sont touchés par des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), des maladies de Crohn dans 70% des cas, l’âge de début se situant entre 12 et 14 ans en moyenne1.


Qu’est-ce que la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn (du nom de son découvreur en 1932) est une maladie inflammatoire chronique de l’intestin, MICI, qui se caractérise par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif due à une dérégulation du système immunitaire intestinal. Il est en hyperactivité, réagissant anormalement contre les bactéries normalement présentes dans le tube digestif. Cette inflammation persistante des parois et des couches profondes du tube digestif peut entraîner un épaississement des parois à certains endroits, des fissures et des plaies à d’autres2.

Contrairement à la rectolite hémorragique qui ne concerne que le côlon et le rectum, la maladie de Crohn peut toucher n’importe quelle partie du tube digestif, de la bouche à l’anus. Elle concerne, toutefois, le plus souvent la partie terminale de l’intestin grêle qui relie l’estomac au côlon, le côlon (ou « gros intestin ») et l’anus3. On relève ainsi à l’IRM une atteinte discontinue de la paroi intestinale, alternant des lésions souvent profondes (fissures, plaies) avec des zones de muqueuse saine.

La maladie de Crohn se manifeste par poussées suivies de phases de rémission (sans symptôme) et se caractérise par des douleurs abdominales, un amaigrissement, une diarrhée et de la fièvre. Son caractère chronique la rend très invalidante. Dans un certain nombre de cas, les complications liées à la cette maladie nécessitent une intervention chirurgicale au niveau de l’intestin4.

Outre la fatigue, cette pathologie peut être responsable à la longue d’une dénutrition et de carences vitaminiques par mauvaise absorption des nutriments et vitamines à travers la paroi intestinale, une anémie due à la carence en fer ou à l’inflammation…

À long terme, les personnes souffrant de cette maladie ont un risque plus important de développer un cancer du côlon ou de l’intestin, surtout si les lésions sont étendues.

Les traitements employés sont lourds, et peuvent entraîner des effets secondaires. Ils visent, notamment, à soigner les poussées et obtenir la cicatrisation de la muqueuse digestive, prévenir les rechutes et éviter la chirurgie5. Cette dernière consiste en l’ablation de la partie de l’intestin trop enflammé.


Des symptômes non digestifs aussi

La maladie peut parfois s’accompagner de symptômes inflammatoires non digestifs touchant les articulations (inflammation des articulations du rachis et du bassin ou spondylarthrite), la peau, avec des problèmes dermatologiques comme les aphtes buccaux ou l’érythème noueux6, les yeux (uvéite7), ou encore une inflammation des voies biliaires.

Cause de la maladie : une combinaison de plusieurs facteurs

Le tableau est un peu sombre oui, mais je vais vous apporter un peu de lumière et d’espoir, si vous souffrez de cette maladie ou pour mettre toutes les chances de votre côté afin qu’elle ne survienne pas, en abordant maintenant les facteurs possiblement déclencheurs, en fait une combinaison de facteurs, qui se révèlent autant de fenêtres d’action.

Les facteurs génétiques

Plusieurs gènes de susceptibilité ont été mis en évidence ces dernières années, notamment le gène NOD2/CARD15, qui joue un rôle dans le système de défense de l’organisme. Des mutations de ce gène ont été retrouvées chez 25 à 40% des patients atteints de la maladie.

Heureusement, nous avons vu ensemble que ce n’est pas parce que nous sommes prédisposés à une maladie que nous allons la déclencher. Nous ne sommes pas que nos gènes ! Et nous avons les moyens d’agir, comme nous l’apprend l’épigénétique.

Deuxièmement, la seule composante génétique ne suffit pas à déclencher la maladie. Cela nécessite l’intervention d’autres facteurs que nous allons voir maintenant.

Les facteurs environnementaux

L’incidence de la maladie de Crohn est plus élevée dans les pays industrialisés et tend à augmenter depuis 1950. De nombreux chercheurs s’accordent sur le fait que cette pathologie est, avec la rectolite hémorragique, une maladie des modes de vie occidentaux, en plein essor, notamment dans les pays qui adoptent le même mode de vie8.

Différents facteurs environnementaux liés au mode de vie occidental sont ainsi explorés : le tabagisme est le principal facteur environnemental connu dans le déclenchement de la maladie de Crohn. Il augmente le risque et la sévérité des poussées, et complique la prise en charge thérapeutique.

Une exposition aux antibiotiques, en particulier la classe des tétracyclines se révèle un facteur de risque potentiel de déclencher la maladie.

De même, les personnes trop sédentaires sont plus affectées que les personnes plus actives9.

Quant à l’alimentation, s’il n’existe aujourd’hui pas de preuve concernant l’influence du régime alimentaire, une alimentation trop riche en mauvais gras, en viandes rouges et en sucre augmente possiblement le risque.

Une étude réalisée en France auprès de 67 000 femmes a montré que la consommation importante de protéines animales (viandes et poissons) était associée à un risque accru de souffrir de la maladie10. Reste à savoir ce qu’il en est pour les hommes et pour les enfants.


La piste bactérienne ou virale

La recherche se penche sur le rôle éventuel d’une infection par un virus ou une bactérie (salmonella, camphylobacter) dans le déclenchement de la maladie11.

D’une infection « extérieure » à un dysfonctionnement microbien intérieur : d’autres chercheurs s’intéressent de leur côté à la composition du microbiote intestinal des personnes souffrant de la maladie de Crohn.

C’est ainsi qu’il y a quelques années, une équipe de l’INRA12 a mis en évidence une bactérie clé dans cette maladie. Les chercheurs ont montré que le microbiote de ces patients comportait un déficit marqué du groupe bactérien Clostridium leptum. En poussant leur analyse plus loin, les auteurs ont découvert que la présence en très faible quantité d’un membre majeur de ce groupe, la bactérie Faecalibacterium prausnitzii, était responsable d’une large part de ce déficit. Il s’est avéré que cette bactérie avait d’importantes propriétés anti-inflammatoires. Cette action est associée à des molécules directement sécrétées par la bactérie.

Inversement…

Près de 40% des personnes souffrant de la malade de la maladie de Crohn présentent une surpopulation de bactéries Escherichia coli (lien vers Les solutions naturelles pour venir à bout des cystites) nommée AIEC (Adherent-Invasive Escherichia coli), contre seulement 6% des individus de la population générale.

Or, ces bactéries ont la capacité de traverser le mucus qui tapisse la paroi intestinale et d’envahir les cellules épithéliales qui constituent cette paroi. Cela provoque une réaction immunitaire forte, avec la production de plusieurs médiateurs d’inflammation qui contribuent aux symptômes de la maladie.

Pour se défendre contre cette invasion, les cellules épithéliales intestinales déclenchent un mécanisme d’autophagie qui, par un processus spécifique, entraîne la dégradation du pathogène. Une réaction précieuse pour lutter contre l’inflammation associée à cette infection.

De précédents travaux ont montré que la protéine mTor dont nous avons parlé dans un précédent article (Lien vers Prolonger la vie en bonne santé) régule négativement l’autophagie : il pourrait ainsi être intéressant de l’inhiber.

Les facteurs psychologiques

Aucune étude à l’heure actuelle ne dénote cet aspect. Mais différents éléments recueillis au cours du suivi des patients par des gastro-entérologues leur permettent de constater que l’aspect psychologique est déterminant dans la survenue de la maladie de Crohn. Un grand stress ou un choc émotionnel peuvent constituer des facteurs déclencheurs de poussées.

Enfin, comme préambule aux solutions que nous allons voir ensuite, différentes études ont pointé certains éléments semblant exercer un effet protecteur : une diète riche en fibres et en fruits, la cohabitation avant l’âge de un an avec des chats ou des animaux de la ferme, l’appendicectomie, avoir eu une gastro-entérite ou des infections respiratoires13 .

Que faire ?

Il est bien évident, d’une manière générale, qu’il est indispensable de maintenir un bon état nutritionnel, souvent perturbé par cette maladie, et de veiller à un bon apport en vitamines, minéraux et oligo-éléments. Il sera bien souvent nécessaire de prendre des compléments.

Il est incontournable également - une fois n’est pas coutume ! - de pratiquer une activité physique régulière et aussi de bien gérer son stress et ses émotions. Nous avons déjà évoqué cela ensemble, les techniques existant à cet effet font foison, parmi lesquelles vous trouverez celles qui vous conviennent le mieux.

Pour le versant alimentaire, il faut absolument éviter les lectines, donc le gluten d’une manière générale. Les aliments contenant les lectines les plus toxiques sont : toutes les céréales contenant du gluten (blé, froment, épeautre, petit épeautre, orge, camut), l’avoine, le riz complet, le maïs (et le pop corn), le soja, les pois chiches, les lentilles et les fèves, les cacahuètes et noix de cajou. Les lentilles et autres pois chiches sont, bien entendu, bons pour la santé. Ainsi, pour neutraliser les lectines qu’elles contiennent, il suffit de les cuire suffisamment longtemps.

Éliminer toutes les lectines dans un premier temps vous permettra de retrouver une flore intestinale physiologique en eubiose. On pourra ensuite les réintroduire, mais peu à peu, parce qu’elles constituent une source importante de prébiotiques, et, en petite quantité, elles peuvent être protectrices de notre santé.

Le microbiote intestinal jouant un rôle important dans la pathogenèse de la maladie de Crohn, il est important d’en prendre soin, donc de bien le nourrir, que l’on souffre de la maladie ou non d’ailleurs !

Les probiotiques (Bifidobacterium, Lactobacillus) s’avèreront d’une grande aide. La levure Saccharomyces boulardii serait efficace dans la prévention ou la réduction de la durée de la diarrhée associée aux antibiotiques chez les patients atteints de maladie de Crohn.

Les postbiotiques se révèleront également un soutien de taille. Il s’agit de composés inactivés à base de cellules microbiennes/bactériennes ou de composants cellulaires inactivés (de type acides gras à chaîne courte, peptides, protéines ou encore enzymes), avec ou sans métabolites, qui offrent, tout comme les prébiotiques, les probiotiques et les synbiotiques, des bienfaits pour la santé14.

Spécialiste dans ce domaine depuis plus de 25 ans, Parinat utilise dans ces produits appelés Actifs L.B la souche Lactobacillus acidophilus L.B avec ses métabolites actifs libérés pendant la fermentation de cette souche.

Concernant la maladie de Crohn en particulier, le produit LA.B Symbiod’or apporte les éléments favorisant la restauration des muqueuses et le métabolisme des nutriments. Ils apportent notamment les Actifs L.B, dont les mécanismes d’action permettent la restauration de la muqueuse intestinale, ont un effet antimicrobien naturel contre les germes néfastes au niveau de l’intestin, et modulent l’immunité.

LA.B Symbiod’or apporte également de la glutamine, qui est impliquée dans le métabolisme énergétique intestinal, comme carburant privilégié de l’intestin. Cette glutamine est apportée sous forme d’un hydrolysat dans lequel elle est associée à d’autres acides aminés comme la leucine et l’arginine. (voir en fin d’article les protocoles proposés).

Par ailleurs, Parinat propose un complément pour combler les carences en micronutriments très souvent induites par la maladie de Crohn : le Végavital. Outre une large couverture en micronutriments, tels que les vitamines B et D, du fer, de l’iode, du magnésium, etc., Végavital apporte les vitamines B9 et B12 sous forme de tétra-méthyl-folates et méthyl-cobalamine. Ces formes méthyles vont permettre de moduler les processus de méthylation essentiels pour que tous les mécanismes biologiques fonctionnent correctement.

Pour rappel, la vitamine B12, également connue sous le nom de cobalamine, est la seule vitamine contenant un oligo-élément : le cobalt. Les deux formes métaboliquement actives sont le méthyl-cobalamine et l’adénosylcobalamine (cette dernière étant la forme prédominante dans les mitochondries). La cobalamine se trouve dans une variété d’aliments tels que les poissons, les crustacés, la viande, les œufs et les produits laitiers, et les quantités sont négligeables dans les aliments végétariens. C’est pourquoi les végétariens et les végétaliens doivent surveiller leur taux de vitamine B1215.

La vitamine B12 joue un rôle important dans l’approvisionnement de groupes méthyles essentiels pour la synthèse des protéines et de l’ADN, et a de nombreuses fonctions.

Parinat propose des associations permettant d’obtenir l’action de leurs protocoles :

LA.B Symbiod’or + LA.F Curcuma-pipérine : protocole « muqueuse intestinale irritée » pour réduire l’inflammation digestive. LA.F Curcuma-pipérine apporte de la curcumine qui contribue à moduler la réponse anti-oxydante, et de la pipérine pour faciliter son absorption sans induire les effets irritants du poivre noir. Ils sont associés à du Lactobacillus plantarum végétal qui permet de stimuler l’immunité, un peu comme avec une alimentation crue : https://www.parinat.com/fr/complements-alimentaires/cardio-vasculaire-circulatoire/protocole-k

LA.B Symbiod’or + Vitamine D3 : protocole « structure de la muqueuse intestinale ». La vitamine D intervient en complément du LA.B Symbiod’or pour renforcer la protection cellulaire : https://www.parinat.com/fr/complements-alimentaires/immunite/protocole-n

VégaVital : https://www.parinat.com/fr/vega-vital


Marion Kaplan et Myriam Marino


Notes :

1 - Comprendre la maladie de Crohn, Ameli, 28 août 2020

2 – La maladie de Crohn, Passeport santé

3 – Cité en note 1

4– Une bactérie clé dans la maladie de Crohn, Inserm, Octobre 2008

5 – Cité en note 1

6 - Érythème noueux : boursouflures de la taille d’une noix dures, rouges et douloureuses, sur les jambes et les avant-bras

7 - Uvéite : inflammation de la partie centrale de l’œil

8 - Maladie de Crohn : Identification d’une protéine initiatrice de l’inflammation, Éric Ogier-Denis, Inserm, 9 juillet 2019

9 - Cité en note 4

10 – Cité en note 1

11 – Cité en note 2

12 – Cité en note 4

13 – Cité en note 2

14 - Postbiotiques (Postbiotiques : une clarification pour les consommateurs comme les scientifiques, 2021

15 – Les mitochondries au cœur de la médecine du futur, Dr Lee Know


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