12 / 10 / 2023
L'étude de notre génome enfin accessible !
Comment manger selon notre génotype ?
Je connais le docteur Georges Mouton depuis des décennies en rapport avec son travail sur l’intestin, mais c’est seulement depuis quelques mois que je suis ses capsules sur youtube, notamment sur la génomique. Je m’intéresse à cet élément fondamental pour mieux maitriser notre état de santé depuis 2 ans, car cette étude est devenue abordable alors qu’elle n’était réservée qu’à une poignée d’experts mondiaux. Si vous êtes une femme ou un homme, un enfant ou une personne âgée, en état de ménopause ou affecté(e) de problèmes thyroidiens, obèse ou diabétique, vous comprendrez qu’au-delà de votre physiologie et de vos hormones, il y a un élément fondamental et plus puissant que vos hormones et dont vous devrez tenir compte, et mieux connaitre, c’est la compréhension que votre génome code vos chromosomes et vos hormones. Sans vouloir être un spécialiste de la génétique, on ne peut pas mener une vie digne de ce nom avec les problèmes que notre corps risque de rencontrer si on a aucune idée, ni aucune connaissance de rien que, en ce qui concerne ce qui est dans notre matrice en nous, est encore plus puissante que nos hormones et tout ce qu’elles peuvent créer. Si je suis une femme, si vous êtes un homme, la partition c’est vos hormones qui la jouent après vos chromosomes. C’est à vous de vous adapter à votre génome. C’est ce qu’on appelle l’épigénétique. Voici quelques éléments de compréhension qui, je l’espère vous permettront de mieux comprendre comment votre corps fonctionne ! N’oubliez pas, vous êtes unique !
Replay de l'entretien vidéo avec le Dr Goerges Mouton où nous avons approfondi 4 génotypes qui peuvent faire toute la différence dans votre façon de manger car n'oubliez pas nous sommes tous différents :
L’alimentation reste un des piliers incontournables de la bonne santé tout au long de la vie, encore faut-il trouver celle qui nous correspond le mieux, car outre les incontournables (des aliments sains, nutritifs, non transformés, etc.), elle doit être adaptée à notre terrain, nos gènes, notre génome. C’est d’ici que je vous propose de partir aujourd’hui. Quand la génomique vient au secours de notre santé en guidant nos choix alimentaires pour trouver notre diète pour la vie ou comment s’alimenter selon ses génotypes, notamment l’apoE, dont le polymorphisme génétique peut poser problème.
Cela peut vous paraître compliqué au premier abord, mais vous verrez que le propos est simple et vous donnera une piste fiable pour résoudre ce casse-tête quotidien de la meilleure façon de manger pour chacun d’entre nous, individuellement parlant, bien au-delà des modes et autres mythes nutritionnels, sujet qui fera d’ailleurs l’objet d’un futur article.
Le génotype apoE, que je vais vous détailler ensuite, est très important car il va conditionner les grands équilibres des macronutriments, c’est-à-dire l’assimilation des lipides (les graisses), des hydrates de carbone (les glucides) et des protéines.
La génomique, une révolution en marche
Dans le domaine de la santé qui nous intéresse particulièrement, la génomique1, cette discipline de la biologie moderne qui étudie le génome et son impact, ainsi que celui des facteurs environnementaux, sur les maladies et la santé de manière plus globale, constitue ni plus ni moins une révolution.
Cette révolution est en marche, puisque l’analyse génomique est déjà utilisée en oncologie conventionnelle pour identifier le meilleur traitement de certains cancers du sein.
Et plus encore, la génomique s’avère une révolution en matière de médecine à visée préventive, nécessairement personnalisée, individualisée. C’est le must, le Graal de tout praticien en médecine fonctionnelle, comme le Dr Georges Mouton, grâce à qui j’ai découvert cet outil précieux pour guider de manière la plus efficace qui soit nos choix alimentaires, nos comportements, notre style de vie d’une manière générale - qui comprend l’activité physique, bien sûr -, ou encore les traitements qui nous sont vraiment adaptés, en particulier les compléments alimentaires à apporter.
Le Dr Georges Mouton en explique les tenants et les aboutissants (publications scientifiques à l’appui) fort simplement et clairement dans une série de capsules intitulées « Vive la génomique ! » que je vous invite à regarder sur son site2. Il n’imagine plus aujourd’hui, après neuf ans de pratique, ne pas en faire bénéficier ses patients dans leurs programmes fonctionnels. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle l’analyse génomique fait partie intégrante de la batterie de tests biologiques qu’il leur demande.
Ce test a bien sûr un coût, environ 50 euros, mais il n’est réalisé qu’une fois dans la vie - à partir d’une simple prise de sang - car les génotypes que l’on cherche à identifier sont immuables. Et le jeu en vaut vraiment la chandelle comme vous allez le voir, c’est pourquoi je n’ai pas hésité un seul instant à le faire.
Révéler un réglage
À la différence de la génétique qui vise à identifier une maladie génétique à partir d’un seul gène, le test génomique, consistant dans la recherche de génotypes spécifiques, ne va pas identifier une pathologie, mais plutôt révéler un réglage (« setting » en anglais), ainsi que l’explique le Dr Georges Mouton. Ce réglage n’est pas pathologique en soi, continue-t-il, même si certains rares génotypes augmentent le risque de maladie future. C’est le cas pour l’apoE qui influence la probabilité de souffrir de neurodégénérescence ou d’atteintes cardiovasculaires3.
Le génotype, pour rappel, c’est la manière dont le gène se présente en fonction de ce que l’on a hérité de nos deux parents. L’expression de ce patrimoine génétique se fait dans un environnement donné. C’est le phénotype. Le génotype est fixe. Si on ne peut pas le modifier, on peut s’y adapter et changer le phénotype de manière spectaculaire. C’est de l’épigénétique pure (Lien vers Génétique et épigénétique) : nous ne sommes pas que nos gènes, ni nos génotypes d’ailleurs, et nous avons le pouvoir de les mettre en sourdine en adoptant un comportement, un mode de vie ou une alimentation, qui ne vont pas réveiller le loup qui dort.
Quel est le problème avec le génotype apoE ?
Le génotype du gène apoE intéresse beaucoup le monde scientifique ces dernières années, faisant l’objet de nombreuses publications.
L’apolipoprotéine E (apoE) est une composante majeure prenant part dans le processus général d’homéostasie du cholestérol. Il s’agit d’une protéine impliquée dans le transport des lipides dans l’organisme, et plus précisément elle sert de ligand pour les récepteurs LDL qui éliminent ces particules de la circulation4. Différents travaux ont révélé la capacité de l’apoE de diriger la destinée métabolique des lipoprotéines.
En un mot, comme je vous le disais en préambule, elle va conditionner les grands équilibres des macronutriments, c’est-à-dire l’assimilation des graisses, des glucides et des protéines.
Or, le génotype du gène apoE est « infecté » par un polymorphisme génétique. Ce qui signifie en clair qu’il en existe plusieurs versions.
Ce génotype fait partie des trois génotypes (avec le LCT et le DIO25) qui ont été influencés par notre évolution au cours des dernières dizaines de milliers d’années. L’apoE était tout d’abord exclusivement E4, puis est apparu du E3 il y a 135 000 ans, et enfin du E2 il y a 85 000 avec la forte augmentation de nos besoins en graisses6.
Selon que l’on est E4, E3 ou E2, on va donc plus ou moins bien assimiler les graisses, glucides et protéines (dans une moindre mesure), ce qui va déterminer les mesures alimentaires et comportementales à adopter.
Vous êtes apoE4
Ce génotype concernerait environ 20% de la population et il pose problème, car il constitue un facteur de risque pour l’hypercholestérolémie et la prédisposition aux maladies cardiovasculaires qui en découlent, mais aussi pour la maladie d’Alzheimer.
Cela peut faire peur oui, mais selon le Dr Georges Mouton, il ne faut pas s’en effrayer parce qu’il existe des mesures très efficaces pour ne pas réveiller le loup qui dort, où le comportement joue un rôle déterminant et central. Comme il le rappelle, la bonne nouvelle, c’est que la maladie d’Alzheimer est le prototype des maladies que l’on peut prendre en charge en médecine fonctionnelle.
L’apoE4 a tendance à accumuler les graisses, donc faire grimper le cholestérol, avec de plus fortes réactions aux graisses saturées telles que la viande rouge ou encore les produits laitiers. Il faudra donc, en termes de mesures diététiques, éviter ces deux derniers, ainsi que l’huile de coco et l’huile de palme.
Il faudra moduler en fonction du cholestérol LDL oxydé (gros facteur de risque cardiovasculaire) et du rapport HDL/LDL (plus il est bas, plus c’est problématique).
Il est conseillé aux apoE4 une alimentation plutôt végétarienne, avec des légumes et des légumineuses. Les poissons et les fruits de mer seront à privilégier par rapport aux produits laitiers et aux viandes rouges grasses, et les huiles consommées seront variées (hormis l’huile de coco et l’huile de palme), avec une bonne place pour l’huile d’olive.
Les apoE4 devront faire beaucoup d’exercice physique, avoir des activités cognitives et intellectuelles, et supprimer le tabac et l’alcool.
Ils devront également se supplémenter en oméga-3 à base d’huiles de poisson, en vitamine D, et la mélatonine est conseillée en tant qu’anti-oxydant et protectrice du cerveau.
On surveillera le taux de cholestérol (s’il est bas, les restrictions seront moindres), les triglycérides et la tension.
Vous êtes apoE3
L’apoE3 est le génotype le plus courant. Il concerne deux tiers de la population, soit environ 70% de la population, et c’est aussi le mien. Précisément, je suis E3-E3 (nous héritons en effet des génotypes de nos deux parents : deux parents, donc deux allèles).
La diète la plus adaptée aux E3 est celle que l’on appelle high fat low carb, beaucoup de graisses et peu de glucides. Le régime cétogène n’est pas du tout conseillé dans la mesure où il peut entraîner des coups de fatigue et des pulsions sucrées, le corps se rebelle !
Il faudra rechercher une panoplie de graisses. Les graisses animales vont concerner les produits laitiers, les viandes : rouges, volailles, etc., les œufs, le poisson, les fruits de mer, qui sont autant de sources de protéines aussi. Les protéines ne doivent pas dépasser la portion de 20% environ, ni plus ni moins. Les produits laitiers peuvent être consommés, mais pas en trop grosse quantité et seulement si on n’est pas intolérant au lactose.
Les graisses végétales vont se décliner en cinq groupes, comme nous l’explique le Dr Georges Mouton dans une de ses capsules, comprenant les oléagineux (les noix en général), les graines, les dérivés de l’olive (olives, tapenade, etc.), les dérivés de l’avocat (guacamole, etc.) et les huiles (olive, lin, cameline, noix), que l’on choisira toujours de qualité c’est-à-dire bio et première pression. Attention à l’huile de coco qui est une huile saturée.
Concernant les fruits, les apoE3 doivent en manger en petite quantité et privilégier ceux qui sont à index glycémique bas.
Là encore, chaque cas est unique et les mesures diététiques se feront en tenant compte d’autres paramètres métaboliques. On tiendra compte ainsi compte du taux de cholestérol oxydé et du profil des acides gras.
Vous êtes apoE2
C’est le génotype le plus rare, qui concerne environ 5% des gens. Les apoE2 peuvent manger très riche en graisses et très pauvre en index glycémique. La chasse aux graisses chez eux, c’est la catastrophe.
L’alimentation standard ne leur convient pas parce qu’elle contient trop d’hydrates de carbone. S’alimenter s’avère du coup un peu un casse-tête pour eux.
La diète des apoE2 tend vers le régime cétogène, mais ce n’est pas du pur, du strict cétogène parce qu’il est difficile à maintenir à long terme. Or, on recherche une diète pour la vie. On s’en approche avec modulation en fonction de l’activité physique et sportive, qu’elle soit d’ordre professionnel ou de loisir. En un mot, quand on pratique un sport, on peut manger un peu plus de glucides. Mais d’une manière générale, il est recommandé aux apoE2 de limiter les féculents. Un excès d’hydrates de carbone provoque chez les apoE2 des problèmes intestinaux. Dès qu’on les retire de l’assiette, ces problèmes disparaissent.
En général, ces personnes ont peu de cholestérol (parfois même trop peu, souligne le Dr Georges Mouton), et si elles adoptent un mode de vie sain, elles bénéficieront d’une neuroprotection.
Deux parents, donc deux allèles…
Après ce qui complique un peu les choses, c’est le fait que nous avons deux parents donc deux allèles, comme je vous le disais précédemment. Quand on est E4-E4, E3-E3 ou E2-E2, on sait vers où diriger notre alimentation, la voie générale à suivre. En revanche, s’il s’avère que l’on est E4-E2 - soit les deux extrêmes ensemble, -, c’est un peu plus compliqué ! Les E2-E3, quant à eux, peuvent suivre la même voie que les E2, et les E4-E3, celle des E4.
Il est évident, à la lumière de tout cela, que connaître son génotype apoE2 va avoir un impact gigantesque sur ce que l’on doit manger. Cela va amener dans la bonne direction, mettre sur les bons rails, mais sans oublier pour autant une nécessaire individualisation, personnalisation des mesures tant diététiques que comportementales. Il conviendra donc toujours de faire des bilans métaboliques comprenant les marqueurs métaboliques classiques, l’hémoglobine glyquée ou HbA1c (qui renseigne sur la glycémie moyenne sur les trois derniers mois) et les profils d’acides gras.
Après, et pour conclure, si on peut certes avoir des gros loupés quand on ne connaît pas son génotype apoE, comme adopter un régime sans graisses alors que l’on a un génotype qui en a de très grands besoins (apoE2), cela reste finalement exceptionnel. Le connaître permet d’affiner, d’être au plus près de son terrain, mais les incontournables que sont une alimentation variée, le plus naturelle possible, nutritive, moins carnée et plus végétale, avec des bonnes graisses, agrémentée d’épices et de supplémentations diverses en oméga-3, vitamine D et autres magnésium - car les carences font aujourd’hui légion -, restent un gage de bonne santé pour tous, et ce tout au long de la vie.
Marion Kaplan et Myriam Marino
Notes
1 - La génomique est la science qui étudie le génome, c’est-à-dire l’ensemble du matériel génétique d’un individu ou d’une espèce, encodé dans son ADN. Chez nous les humains, ce matériel génétique est organisé sous la forme de chromosomes.
3 – De l’intérêt des tests génomiques, Dr Georges Mouton, Le Journal du Médecin, 12 janvier 2023
4 – Le génotype de l’apoE influe sur le risque de DMLA, lais de façon inverse au risque d’Alzheimer
5 – Le génotype LCT concerne la tolérance au lactose avec l’avènement de la domestication et l’introduction subséquente des laits d’animaux qui change progressivement la donne, et DIO2 concerne la conversion de l’hormone thyroïdienne T4 inactive en T3 active. Source : De l’intérêt des tests génomiques, Dr Georges Mouton, Le Journal du Médecin, 12 janvier 2023
6 – Déjà cité en note 3