5 / 03 / 2019

Intolérances alimentaires : mensonge ou vérité ?

Sans doute, si vous avez passé la quarantaine, vous avez assisté au succès mondial du livre « Quatre régimes, quatre groupes sanguins » publié en 1996 écrit par le Docteur Peter d'Adamo. Cela avait révolutionné la vision de la nutrition dans les milieux alternatifs. C'est dans les années 50 que le père du docteur d'Adamo avait observé et recensé des curistes en fonction de leur groupe sanguin et de leurs réactions à certains aliments. Son fils Peter reprit ses travaux et en ressortit un nouveau mode alimentaire. J'ai été une des premières à me passionner sur ce sujet révolutionnaire : on pouvait être intolérant à certains aliments selon notre groupe sanguin et cela pouvait entraîner de nombreuses complications ! La théorie était très attirante !

Je rencontrais peu après dans les années 2000 un laboratoire de Lyon qui développait déjà l'étude individuelle des différentes intolérances alimentaires d’environ 260 aliments. Je fis l'analyse et en sortait 45 ! Je supprimais donc de mon alimentation les 45 aliments, et comme par hasard, c’était ceux que je préférais et consommais régulièrement comme l'ail, les œufs, la moutarde, la vanille etc. en plus du gluten et des produits laitiers que j'avais déjà supprimés depuis un an. Je perdis un peu de poids et retrouvais une plus grande vitalité. Il n'en fallait pas moins pour me convaincre de la véracité de ces bilans. Cependant, plusieurs mois après, je ballonnais de nouveau et mon candida albicans de me lâchait pas. Je continuais donc mes recherches… Quelques années après, j'ai réussi à compiler des centaines d'analyses d'intolérances alimentaires et je vérifiais si les résultats concordaient avec ceux du docteur d'Adamo. Résultat : presque rien ne concordait. Je fus un peu déçue mais finalement conclus que le gluten et les produits laitiers étaient nuisibles chez tous les groupes sanguins et que les personnes appliquant sa théorie s'en portaient forcément mieux ! Il aura au moins révélé la toxicité des lectines, du gluten et de la caséine.

Quid des autres intolérances ?

Pour moi, ce n'était pas clair et quelque chose m'empêchait d'adhérer complètement à cette théorie. Faisant des expériences sur moi-même, je ne comprenais pas pourquoi ayant «soi-disant» une intolérance au niveau 4 aux oeufs, ceux ci ne me perturbaient pas, ni au niveau de mes intestins (microbiote), ni au niveau de ma digestion, ni au niveau de mon système immunitaire. Je laissais ça de côté me disant que je comprendrais un jour grâce à de nouvelles études. Eurêka ! Voilà peut-être un éclaircissement possible sur ce thème les intolérances alimentaires soulevé par le Docteur Philippe Fievet. Celui-ci parle carrément d'arnaque. Je ne sais pas si ce n'est pas un peu trop…

Qu'est-ce que la tolérance ?

C’est la non action du système immunitaire vis-à-vis d'une molécule. Si votre microbiote est équilibré, qu'il possède une grande diversité et qu'il est riche en bonnes bactéries, il est donc en eubiose, il ne réagit pas, le système immunitaire n’a rien à faire et ne crée pas de réactions d’anticorps ou de réactions agressives face à l’aliment. Cependant, même s'il ne réagit pas, il faut savoir que la non-réponse du système immunitaire ne veut pas dire ignorance. C'est un phénomène actif de tolérance qui sous entend que le système immunitaire reconnaît, voit ce qui se passe, mais ne fait rien.

Qu'est-ce que l'intolérance ?

Elle résulte d'une digestion moléculaire incomplète de certains aliments par les enzymes digestives et microbiennes qui se seraient incomplètement dégradées jusqu'à leur stade ultime de monomère (glucides, lipides, un acide aminé). Comprenez que la digestion n'est, entre autres, qu'une dégradation de polymères en monomère c'est-à-dire que cela correspond à une simplification moléculaire. Aujourd'hui, le gluten pose de nombreux problèmes car, dans de nombreux cas, les acides aminés sont incorrectement dégradés par nos enzymes digestives.

On répertorie quatre classes d'hypersensibilité :

L'allergie ou classe 1, ne concerne que les immunoglobulines de classe E (IgE), on s'en rend compte car les réactions sont parfois immédiates. L'allergie classe 3, ou dites hypersensibilité, n'est pas une allergie retardée ou intolérance comme on nous la dit depuis des décennies. Elle met en action des immunoglobulines de classe G (contrairement aux IgE). Pour le Docteur Philippe Fievet, la présence dans le sang d'immunoglobulines G reconnaissant des aliments, ou plutôt des molécules au sein des aliments, signifie qu'il y a eu contact entre l'antigène et le système immunitaire. Les molécules de l'aliment sont simplement reconnues sans délivrer de signaux de danger et les complexes immuns, qui peuvent être une association d'antigènes, anticorps alimentaires, circulent sans se déposer dans les tissus, n'activent pas le système immunitaire et ne déclenchent pas de maladie. « Cela ne signifie donc en aucun cas qu'il y a eu intolérance ou allergie, mais simplement un contact sans conséquence ».

En revanche, la présence d'IgG sur certains aliments révèle une perméabilité intestinale plus ou moins importante, car normalement il ne devrait pas y avoir de contacts directs anatomiques entre le système immunitaire et les aliments. Ainsi, retrouver des anticorps sanguins reconnaissants l’aïl, le quinoa ou la moutarde ne devrait pas justifier de retirer ces aliments. D'autant que, pour ce médecin, il n'existe pas de maladie aux anticorps anti quinoa ou anti quoi que ce soit. Un bilan sanguin détaillé* : zonuline, LBP, DMI (Dysbiose Mycose Intestinale), associé aux symptômes et aux modes de vie du patient devrait permettre de diagnostiquer un syndrome de l'intestin perméable ou leaky gut. Vérifiez si vous êtes sécréteur de l'enzyme FUT2 Ce n'est pas en 10 minutes de consultation que votre médecin peut le faire ! 

C'est pourquoi je vous conseille de consulter des médecins ou thérapeutes formés à la médecine fonctionnelle et nutritionnelle. En corrigeant la perméabilité intestinale, en luttant contre l'inflammation (j'en ai parlé longuement dans mes anciens articles), en éliminant l’information toxique de l’aliment avec la méthode JMV( jean Marc Vergnolle) ou NAET, vous verrez que vous supporterez très bien les aliments dont on vous avait diagnostiqué une intolérance. Seuls le gluten et la caséine bovine sortent de ce champ d'investigation. Le gluten, nous dit le docteur Alessio Fasano, professeur à Harvard, génère systématiquement de l'inflammation chez tout le monde, mais tout le monde n'en fait pas une maladie auto-immune (maladie cœliaque par exemple), c'est une question de polymorphisme génétique. Aux États-Unis, les recherches concluent que le gluten est totalement indestructible par les enzymes humains connus et il reste dans le tube digestif un résidu non digéré de 33 acides aminés. Aucun récepteur ne peut prendre en charge l'absorption d'un tel peptide ! Il en est de même pour la caséine du lait ! « Ainsi, les scientifiques déclarent que toute pathologie qui ne fait pas sa preuve et / ou qui dure dans le temps, ainsi que devant une pathologie auto-immune, il faut systématiquement penser « gluten » et tenter un régime sans gluten ».

Bien entendu, si vous abordez ce type d'alimentation sans gluten, vous éviterez de vous bourrer de céréales, de produits transformés et de préparations toutes faites car, si vous êtes en état inflammatoire, n'oubliez pas que tous les aliments ayant un index glycémique élevé ne font qu'entretenir ce phénomène. Retrouver un intestin fonctionnel peut demander plusieurs mois. Il faut souvent prendre certains compléments alimentaires contribuant à lutter contre les carences et nourrir correctement vos cellules. Pour être juste, rien ne vaut une analyse détaillée.

Mangez selon ma méthode Paléobiotique ou Powerbiotique, en mastiquant soigneusement vos aliments, en mangeant dans la paix et la décontraction, en veillant à faire de l'exercice physique régulier, bref tous les conseils que je vous prodigue depuis des années !

 

Marion Kaplan

Livre :

  • L'intestin, carrefour de mon destin - Dr Philippe Fiévet
  • bilans faits par divers laboratoires Belges (coordonnées sur demande)
  • Paléobiotique de Marion Kaplan aux éditions Thierry Souccar
  • Powerbiotique de Marion Kaplan et Alma Rota aux éditions Trédaniel
 
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