23 / 01 / 2018
Le paradoxe des plantes : en finir avec la perméabilité intestinale
Qu'est-ce que manger sainement aujourd'hui ?
Internet est une formidable source d'informations mais trop d'infos tuent l'info. Les grands slogans millénaires tels que : « que ton aliment soit ton médicament » ou bien « c'est la dose qui fait le poison » sont toujours d'actualité mais aucune nouvelle grande phrase n’est venue les supplanter. Hippocrate disait déjà que « toute maladie commence dans l'intestin » et les dernières études sur le microbiote viennent le confirmer. Les grandes tendances mondiales, plus contradictoires les unes que les autres, finissent de nous perdre : vegan, végétarien, paléo, cétogène, crudivore et j'en passe. Qui croire ? Vous, votre ressenti, vos désirs, vos besoins. Apprenez, comprenez, testez et sachez être à l'écoute.
Le paradoxe des plantes
Je vais vous présenter une nouvelle théorie que je teste depuis six mois avec succès, qui va encore bouleverser vos croyances et vos acquis en nutrition.
Je vous demande simplement de rester l'esprit ouvert et de comprendre que tout le monde n'est pas concerné.
Seules les personnes n'ayant pas solutionné leurs problèmes de santé, ayant toujours un leaky gut ou une perméabilité intestinale, confrontées encore à des douleurs, qu'elles soient digestives ou autres, à de l'inflammation, ou à une maladie chronique qu'elle soit physique ou psychologique, devraient peut-être essayer ce type d'alimentation pendant quelques mois et observer les résultats. Aucune étude scientifique ne sera faite, croyez-moi, car c'est contraire à l'intérêt des lobbys, vous comprendrez plus loin pourquoi. Moi-même, j'ai dû remettre en question quelques éléments pour aborder ce type d'alimentation. Ce que je peux vous dire, c'est que ça marche. Cela ne coûte rien d'essayer. Tout le monde a aujourd'hui entendu parler du gluten. On sait que c'est une protéine présente dans le blé mais aussi dans les autres céréales comme, l’orge, le seigle, le kamut, l’épeautre et le petit épeautre. Il est admis qu'elle peut entraîner une inflammation chronique généralisée chez plus de 20 % des gens. Comme il est difficile de faire une étude randomisée sur ce phénomène, les études nous parlent de 20 % de sensibles au gluten non cœliaques. Mais qu'en est-il vraiment ? Des milliers de personnes dépensent des fortunes en aliments sans gluten afin de protéger leur santé. Et si le gluten était l'arbre qui cache la forêt ? Et si on passait à côté du vrai problème ? C'est en lisant le livre du Docteur Steven Gundry,* vendu à plusieurs centaines de milliers d'exemplaires dans le monde et traduit dans une vingtaine de langues, plébiscité par de nombreuses stars américaines comme Antony Robbins, Deepak Chopra et bien d’autres, que cela m’a interpellée. J’ai découvert dans cet ouvrage, résultat de plus de 15 ans de recherches, la toxicité d'autres protéines végétales appelées lectines. On les trouve dans toutes les céréales, même sans gluten, mais également dans certains aliments considérés comme sains, y compris dans certains fruits et légumes. Une fois ingérées, ces protéines peuvent entraîner de façon insidieuse des inflammations conduisant à de nombreuses maladies ou a du surpoids.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, » voici l'adage de la nature…
La nature se débrouille très bien sans l'Homme. Les graines, qui sont des bébés plantes, doivent pouvoir survivre si un jour elles veulent devenir une plante adulte et faire des petits. Elles ont fabriqué une coque dure inattaquable par leurs prédateurs que peuvent être les insectes ou les animaux. Cette coque les protège lors du voyage dans un tube digestif et les noyaux ou les graines pourront ressortir intactes, posés sur place avec les excréments de l'animal gourmand. Elles auront alors une chance de pousser là où elles auront été déposées. Elles n'ont pas besoin de méthodes chimiques pour se défendre. Elles utilisent même certaines stratégies pour attirer le prédateur pour qu'il l’ingère : la couleur (rouge ou jaune en général), encourage les animaux qui se nourrissent de fruits à les consommer quand ils sont mûrs et bien sucrés, car leur noyau est fin prêt à pouvoir donner la vie à son tour. Mais le vert fait passer le message que ce n'est pas encore le moment, car le fruit immature contient des toxiques qui rappellent à l'animal qu’il ne doit pas encore y toucher. « Quand le fruit mûrit naturellement, la plante dont il est issu, réduit la quantité de lectines des graines et de la peau, puis communique cette information en changeant de couleur, » nous dit le docteur Steven Gundry. Alors que maintenant, les fruits sont cueillis verts pour faciliter leur transport et sont mûris artificiellement au gaz, ce qui modifie la couleur des fruits sans modifier l'activité des systèmes de protection constitués par les lectines. Vous comprenez donc mieux l'importance de manger des fruits locaux de saison ayant été cueillis à maturité. La saison est importante car les fruits sont mûrs plutôt en été et à l'automne chez nous. L'Homme du paléolithique n'avait pas de frigo pour les conserver et c'est tant mieux ! Car les fruits, surtout certains, ont un index glycémique élevé avec une grande quantité de fructose, sucre n'entraînant pas le sentiment de satiété car la leptine (hormone régulatrice de l'appétit avec un effet coupe-faim) n'est pas activée et pousse à consommer beaucoup de fruits. C'est la période où les grands singes prennent du poids. Ils mangent beaucoup de fruits, ce qui augmente les chances du noyau des fruits de pouvoir être libéré avec les excréments et ainsi de pouvoir pousser.
Il y a le problème des graines non protégées, c'est-à-dire les céréales.
Comment peuvent-elles dissuader les insectes et autres animaux à les consommer puisqu'elles sont dépourvues d'enveloppes dures comme les noyaux des fruits ? Leur stratégie est plus chimique. Les graines complètes contiennent naturellement des produits chimiques destinés à affaiblir leurs prédateurs, à les paralyser ou à les rendre malades : les phytates qui empêchent l'absorption des sels minéraux, des inhibiteurs de trypsine qui empêchent les enzymes digestives de faire leur travail et qui interfèrent dans la croissance des prédateurs, ainsi que des lectines qui perturbent la communication cellulaire en provoquant, entre autres, des trous dans la paroi intestinale entraînant un syndrome de l'intestin perméable ou leaky gut. Toutes les céréales complètes contiennent ces trois toxiques de défense dans leur enveloppe fibreuse et dans le son. Pourtant, cela fait des générations qu'on nous fait croire aux bienfaits des céréales complètes ! Je sais, là, vous décrochez, comme j'ai failli le faire… mais, sortons de nos croyances et allons plus loin. Certaines plantes, les solanées (tomates, aubergine, poivrons, pommes de terre, baies de goji), contiennent des tanins et des alcaloïdes, contenus dans les tiges et dans les feuilles, qui dissuadent les prédateurs. Beaucoup d'entre vous se sont peut-être aperçues qu'elles ne digéraient pas les tomates et les poivrons crus, les aubergines n'étant jamais consommées crues et pour cause !
Que sont exactement les lectines ?
Elles ont été découvertes en 1884. Ce sont de grosses protéines que l'on trouve chez les plantes et les animaux. Elles constituent une arme cruciale pour lutter contre les prédateurs.
La lectine la plus célèbre est le gluten.
Voyons comment les lectines aident les plantes à se défendre
Quand le prédateur a consommé la plante, les lectines situées dans les graines, la peau, les feuilles et les écorces, se fixent sur les sucres complexes (les polysaccharides) présents dans l'intestin du consommateur. Les lectines telles des petites bombes se fixent également sur l'acide sialique (molécule de sucre situé dans l'intestin, dans le cerveau, entre les terminaisons nerveuses, dans les articulations et dans tous les fluides du corps y compris sur la paroi des vaisseaux sanguins de tous les animaux dont nous faisons partie). Quand on parle de ces lectines, on parle de protéines collantes, le gluten comme son nom l'indique, est une glue qui colle très bien. Ces protéines collantes se fixent et parviennent à interrompre la communication entre les cellules et peut causer des réactions toxiques ou inflammatoires. Quand elles se fixent à l'acide sialique, elles peuvent couper la transmission des informations d'un nerf à un autre. N'avez-vous jamais eu l'esprit embrouillé, ou des gros problèmes de concentration ? Ce sont sans doute les lectines qui en sont responsables. Elles optimisent aussi la fixation des virus et des bactéries sur certains organes. C'est la raison pour laquelle de nombreuses personnes ayant arrêté les céréales et surtout les céréales contenant du gluten sont moins sensibles au virus et aux infections bactériennes. Pour terminer ce tableau peu réjouissant, sachez que les lectines peuvent provoquer des problèmes de santé et favoriser la prise de poids. La plus connue des lectines et la plus petite est celle contenue dans le germe de blé (WGA pour Wheat Germ Agglutinin) qui est responsable de votre propension à grossir ! Nous avons changé d'époque ! Nos ancêtres ne mangeaient pas toujours à leur faim et faire des réserves de graisse permettait d'attendre des moments plus propices. Avoir un ventre à blé était alors une fierté. On parlait d'ailleurs de blé comme source monétaire. De plus, ils étaient beaucoup plus actifs que nous, se déplaçant à pied ou à cheval. Je ne vais pas parler en détail des effets néfastes que le WGA va vous occasionner, vous les trouverez dans le livre de ce médecin. Mais juste ayons un petit aperçu des dégâts qu'il peut occasionner :
–prise de poids
–résistance à l'insuline
–inflammation
–perméabilité intestinale
–problèmes neurologiques La liste est longue et je ne voudrais pas vous décourager. J'ai même été choquée quand j'ai lu son livre mais j'ai retrouvé beaucoup d'éléments communs avec mes principes et mes découvertes, alors j'ai décidé de faire l'expérience.
Le Docteur Steven Gundry nous fait remarquer que le pain blanc était destiné aux riches et qu'il ne contenait pas le fameux WGA ! Hélas, le fait de raffiner augmente la glycémie. Décidément, le blé complet ou non, n'occasionne que des problèmes. Donc, d'un côté comme de l'autre, mieux vaut l'éviter, ou en tous cas si vous n’êtes pas intolérant, d’en limiter drastiquement la consommation ! 1 jour sur 4 pourrait être le bon rythme.. Nos ancêtres savaient comment contourner l'attaque les lectines par la cuisson et la fermentation. Aujourd'hui nous préférons prendre des médicaments pour lutter contre l'acidité de notre estomac ou des anti-inflammatoires pour diminuer nos douleurs articulaires, plutôt que d'arrêter de manger ce qui pourrait nous détruire, nous affaiblir et nous faire souffrir. Nous consommons des aliments de plus en plus nuisibles. Le pire c'est que nous nous sommes obstinés à nourrir les animaux que nous consommons avec certaines substances comme le maïs et le soja qui leur sont nuisibles ! Les agriculteurs ont bien compris que les lectines contenues dans le maïs et le soja étaient plus puissantes que celles de l’herbe et faisaient mieux engraisser leur bétail. Pour leur éviter des brûlures d'estomac, ce qui les empêcherait de s'alimenter, ils supplément leur nourriture avec du carbonate de calcium… Nous allons payer très cher ce type de comportement. D'ailleurs nous le payons déjà à force de maladies de civilisation que nous pourrions tellement bien éviter ! Le chasseur-cueilleur que nous étions ne mangeait pas ou peu de lectines. Nous n'avons pas eu le temps de développer de résistance immunitaire à cet afflux de substances ni de rendre notre microbiote suffisamment apte à briser ces protéines.
Quelles sont nos lignes de défense contre les lectines ?
- Notre mucus présent dans notre nez, dans notre salive et qui ont la capacité de piéger ces lectines. Si votre nez coule après avoir ingéré des produits épicés ou autres, vous savez que vous venez d'ingérer des lectines et que votre corps se défend. - L'acidité gastrique assure la digestion d'une grande partie mais pas de la totalité, des lectines. En vieillissant nous sommes moins performants au niveau de cette activité acide et pourtant nous sommes plus attirés par les gourmandises, pâtisserie et autres. Nous rentrons dans un cercle vicieux. - Enfin, le mucus de notre microbiote intestinal permet, chez la plupart d'entre nous, de détruire les lectines. Mais nous ne sommes pas tous égaux face à cette capacité. L'origine de nombreuses maladies est due à la perte de ce mucus et à la perméabilité intestinale qui ne fait plus office de barrière.
– les cuissons longues et la fermentation permettent de détruire la plupart des lectines. Si vos barrières sont efficaces les lectines ne peuvent pas entrer dans votre organisme à travers l'intestin. En revanche, si vous en avez beaucoup consommé et que vos lignes de défense sont épuisées, les lectines vont écarter les étroites jonctions de la paroi intestinale en se fixant sur les récepteurs de certaines cellules pour leur faire produire un composant chimique appelé la zonuline découverte par le professeur Alessio Fasano. Le docteur Steven Gundry nous dit que « la zonuline ouvre les espaces compris entre les cellules de la paroi intestinale et permet aux lectines d'accéder aux tissus environnants, aux ganglions, aux glandes lymphatiques ainsi qu'au sang, où elles ne devraient pas se trouver. Elles se comportent dès lors comme des protéines étrangères et déclenchent une réaction de votre système immunitaire. » Si vous avez les intestins fragiles et que le régime Seignalet, GAPs du docteur Natasha Campbell Mc Bride ou FODMAP, n’a pas fait d’effet, vous devriez alors tenter de manger sans lectines. Notre intestin est soumis à rude épreuve ! Entre les antiacides, les biocides du Roundup, les aliments industriels, les OGM qui renforcent les lectines des graines dont elles sont issues, la malbouffe, tous ces éléments modifient notre flore et fragilisent la couche de notre mucus. Cette convergence de toxiques pousse notre système immunitaire à nous attaquer à la suite d'une erreur d’identification typique due au phénomène de mimétisme moléculaire propre à chacun. Les dégâts au départ sont invisibles, mais les lectines endommagent, année après année, la couche absorbante de notre intestin et les dommages peuvent devenir irréversibles quand nous nous en apercevons. Personnellement, je prends en permanence des probiotiques de souches différentes et quelques compléments alimentaires qui corrigent ma flore dégradée dès la naissance. J'espère pour vous que vous avez eu une meilleure naissance et que votre flore commensale de départ est plus solide. Ainsi vous n'aurez que quelques semaines sans lectine à envisager avant de pouvoir petit à petit en réintroduire.
Où se trouvent les lectines ?
Céréales, avoine, blé, épeautre et petit épeautre, kamut, maïs, orge, quinoa, sarrasin, chips de pommes de terre, riz, pomme de terre, pépin de raisin, carthame, fèves, haricots verts, lentilles, pois chiches, petits pois, soja et protéines de soja, tofu, cacahouète, noix de cajou, graines de tournesols, graines de chia, graines de courge, aubergine, baies de Gogi, concombre, courgette avec pépin, melon, piment, poivrons, tomates, produits laitiers… Oups ! Que nous reste-t-il ? Toutes les noix et amandes sauf celles mentionnées, la noix de coco, l'avocat, la châtaigne, le psyllium, et heureusement pour nous le chocolat, la patate douce, tous les choux, toutes les salades, l'ail, l'oignon, les asperges, les poireaux etc. Je vous conseille si vous voulez vous lancer dans ce type d'alimentation de lire le livre de ce médecin et de l'appliquer. Il comporte également un certain nombre de compléments alimentaires. Quand vous irez bien, vous pourrez réintroduire, tout comme je le fais, des lentilles, des pois chiches etc. La seule condition, sera de les cuire longuement afin de détruire les lectines. Pour une fois, je pourrais vous conseiller les lentilles où les pois chiches en bocaux. Pour les tomates, cuisez les au Vitaliseur en enlevant la peau et les pépins et elles ne vous poseront plus de problèmes. Les études révèlent que le lycopène des tomates est plus biodisponible après cuisson des tomates. Comme dirait Idriss Aberkane toute révolution, quel que soit son secteur, passe par trois phases : ridicule, puis dangereuse, puis évidente. À vous de voir.
Marion Kaplan.
Le paradoxe des plantes : les dangers cachés de l'alimentation « saine » à l'origine deux maladies et de prise de poids. Docteur Steven R. Gundry aux éditions Quanto www.editionsquanto.com
www.drgundry.com *Dr Steven Gundry Docteur en médecine Il est le directeur de l'institut international du cœur et des poumons de Palm Springs, Californie et le fondateur et directeur du centre de médecine réparatrice de palm Springs et Santa Barbara. Après une brillante carrière de chirurgien et de professeur en chirurgie cardio thoracique à l'université Loma Linda, Il s’est intéressé aux méthodes permettant de traiter les pathologies contemporaines par le biais de l'alimentation. Il a publié plus de 300 articles dans des revues scientifiques de référence, consacrés à l'impact des diètes et compléments alimentaires sur le traitement des problèmes cardiaques, des diabètes et des maladies auto-immunes.