11 / 12 / 2020
Solutionner le syndrome de l’intestin irritable SII
« L’homme sage est celui qui va bien de l’intestin » - Bouddha -.
Notre intestin est terriblement malmené par notre mode de vie actuel, notre environnement toxique, l’alimentation moderne, ou plutôt la malbouffe moderne devrait-on dire, éléments qui l’ont appauvri à un tel point qu’il ne peut plus jouer son rôle de rempart contre toute agression extérieure, frontière garante d’une bonne santé concernant l’organisme entier, Les barrières s’étant effondrées, les problèmes affluent en cascade. Les troubles intestinaux en font partie, parmi lesquels le syndrome de l’intestin irritable (SII), que je vais aborder dans cet article. On peut le solutionner, notamment grâce à une thérapie que je teste maintenant depuis un mois. Elle m’a grandement amélioré la vie !
« Toute maladie commence dans l’intestin »
Si les maladies commencent dans l’intestin, comme le disait Hippocrate il y a plus de 2400 ans, c’est aussi via ce dernier qu’elles se termineront. Cela passe par le fait de rétablir une flore intestinale diversifiée et son maintien constant à l’équilibre, en eubiose, c’est absolument essentiel ! Nous l’avons vu ensemble, cela n’est pas simple et peut prendre du temps, passant par plusieurs étapes d’adaptation, car il s’agit bien souvent avant toute chose de détoxifier ! Sans correction préalable du microbiote, aucun aliment, aucun complément alimentaire probiotique, ne sera correctement absorbé et ne modifiera l’inflammation d’origine intestinale, ainsi que je vous l’explique en détail Comprendre sa flore intestinale pour vivre en bonne santé.
En préambule…
Je vous ai livré nombre de conseils, les explorant avec vous tout en les testant (car j’essaye tout, comme vous le savez), ayant moi-même à lutter contre un terrain en ma défaveur. Née par césarienne et non allaitée (entre autres réjouissances), mon intestin n’a pu être ensemencé de bonnes bactéries. Il y avait beaucoup de travail à faire pour rétablir un équilibre et bénéficier d’un microbiote digne de ce nom ! Changer radicalement d’alimentation à travers la paléobiotique1 en supprimant céréales, légumineuses et autres produits laitiers bovins, et en apportant des aliments riches en pré et probiotiques, dont l’excellent K-Philus, m’a considérablement aidée. Tout ceci s’accompagnant, bien sûr, d’une activité physique régulière.
Parfois, malgré tous ces efforts de vie saine et riche en bonnes bactéries, les troubles intestinaux reviennent.
Pour essayer de comprendre, j’ai exploré avec vous la piste de l’enzyme FUT2 qui joue un rôle primordial dans le maintien du microbiote en eubiose, permettant à de nombreuses bactéries du microbiote de se nicher dans la muqueuse afin d’assurer une bonne diversité. La persistance de vos troubles peut s’expliquer par le fait que vous n’êtes pas sécréteur de cette enzyme : 20% d’humains, en effet, ne le sont pas.
Un test génétique vous permettra de le savoir.
D’une manière générale, on comprend bien l’importance de nourrir ce super organisme que nous hébergeons sans lequel nous ne pourrions vivre… ni lui non plus d’ailleurs. Un organe à part entière. Il nous faut revoir quelques fondamentaux avant d’aborder ensemble le problème du syndrome de l’intestin irritable et la solution que je vous propose, si, là encore et malgré toutes vos démarches dans le bon sens, les problèmes persistent.
Le microbiote et ses milliards de micro-organismes
Nos minuscules, invisibles et très puissants alliés sont partout : dans notre nez, notre bouche, sur la peau, dans le vagin, etc. Et bien sûr, ils peuplent notre grande vedette maintes fois évoquée : l’intestin. De 10 000 à 100 000 milliards de micro-organismes - soit près de 10 fois plus que nos cellules - constitués de bactéries, archées, protozoaires (ou eucaryotes), champignons, et autres virus qui turbinent pour maintenir notre organisme entier en bon état de fonctionnement. C’est le bataillon qui pèse le plus lourd : jusqu’à 1,2 kg, soit quasiment le poids de notre cerveau avec qui, nous le savons bien maintenant, il entretient un lien très étroit.
La flore bactérienne varie tout au long du tube digestif depuis l’estomac jusqu’au gros intestin en passant par le petit intestin, avec une diversité maximale dans le gros intestin, où les bactéries sont anaérobies. Le tube digestif, c’est l’organe immunitaire par excellence.
Dans le détail, voici la vie qui y foisonne :
Dans l’estomac (présence d’O2, bactéries aérobies, pH = 1,2) : Streptococcus, Lactobacillus
Dans le petit intestin (faible présence d’O2, pH = 6-7) : Streptococcus, Lactobacillus, Bacteroides, Enterobactéries
Dans le gros intestin (absence d’O2, pH : 5,7) : Bacteroides, Eubacterium, Bifidobacterium, Peptostreptococcus, Fusobacterium, Ruminococcus, Clostridium, Streptococcus, Lactobacillus, Enterobactéries.
Nous héritons notre microbiote tout d’abord de notre mère, plus précisément de sa flore buccale dont la qualité est primordiale pour sa santé et sa fertilité, mais aussi pour la flore du bébé, comme nous l’avons vu dans Focus sur la flore buccale. Qualité qui dépend de certaines bactéries ancestrales commensales, non pathogènes donc, comme Tenericutes et Proteobacteria, pour ne citer qu’elles, qui nous protègent contre les bactéries agressives, telles Porphyromonas gingivalis, Propionibacterium acnes ou Mycobacteium avium, contre les herpès et les virus (Herpes simplex, virus d’Epstein-Barr, Cytomegalovirus). C’est donc la flore buccale qui détermine la flore de l’estomac, du duodénum et de l’intestin, ainsi que celle du placenta de la femme enceinte et, par conséquent, de la flore du nouveau-né.
Les microbes que l’on acquiert à la naissance déterminent notre santé tout au long de notre vie.
Le type d’accouchement (par voie vaginale ou césarienne), le type d’allaitement (maternel ou lait infantile), l’alimentation, le contact avec l’environnement (avec ou sans animal domestique, un entourage très ou peu aseptisé), la prise de probiotiques ou d’antibiotiques, etc., apporteront tout logiquement plus ou moins de diversité microbienne : plus il y en a, moins les pathogènes ont de place pour se développer et entraîner une dysbiose. Ceci vaut tout au long de notre vie.
Dysbiose et perméabilité intestinale
La dysbiose a pour conséquence notamment d’augmenter la perméabilité intestinale, ce qui entraîne des intolérances alimentaires et de surcroît une dégradation de la muqueuse intestinale.
Or, les personnes souffrant du syndrome de l’intestin irritable présentent une perméabilité intestinale anormale.
Le syndrome de l’intestin irritable (SII)
Le syndrome de l’intestin irritable (SII), appelé aussi syndrome du côlon irritable (SCI) ou encore colopathie fonctionnelle, se manifeste par des douleurs abdominales, un inconfort (ballonnements, flatulences et autres borborygmes), et des troubles du transit intestinal avec constipation, diarrhée ou alternance des deux.
Trouble fréquent, il est la cause de 30% à 50% des consultations auprès d’un gastro-entérologue. Le SII touche environ 5% de la population française (de 10 à 20% de la population des pays occidentaux). Il est diagnostiqué habituellement entre 30 et 40 ans et touche deux fois plus les femmes.
Physiologiquement, il se traduit par des spasmes jéjunaux, des contractions iléales, un ralentissement du transit, des gaz et une réponse colique à l’alimentation excessive et/ou prolongée.
L’hypothèse étiologique actuelle est celle d’une maladie multifactorielle complexe, survenant chez des personnes génétiquement prédisposées, au cours de laquelle une réponse immunitaire muqueuse anormale vis-à-vis de la microflore intestinale survient, déclenchée ou aggravée par des facteurs environnementaux : microbes, alimentation, toxiques divers… Et aussi le stress !
Différentes pistes sont explorées concernant la perméabilité intestinale
Le rôle de la zonuline
La zonuline est une protéine qui contrôle l’étanchéité de l’intestin par le biais des jonctions serrées qui unissent les cellules de sa paroi. Les travaux du Dr Alessio Fasano, spécialiste mondial de la zonuline, ont mis en évidence que la perte de la fonction de barrière intestinale était liée à la libération de zonuline, constituant une étape essentielle pour initier le processus inflammatoire.
Dans la maladie cœliaque et le diabète de type 1, il a été montré que la gliadine2 est le déclencheur de la libération de la zonuline.
Cette dernière peut également être provoquée par une dysbiose du microbiote intestinal, surtout si elle implique des bactéries Gram négatif3, qui produisent de grandes quantités de lipopolysaccharide (LPS), entraînant le passage accru du contenu luminal (bactéries, produits bactériens et antigènes alimentaires) au travers de la barrière de la muqueuse intestinale interne rendue inefficace et hyper-perméable suite à la destruction des jonctions serrées.
La trypsine-3
Des travaux ont mis en évidence une surexpression d’une enzyme, la trypsine-34, dans la muqueuse intestinale des personnes atteintes du syndrome de l’intestin irritable. En plus de mettre en évidence son rôle dans l’augmentation de la perméabilité intestinale, les chercheurs ont décrit sa capacité à agir comme un neurotransmetteur. La trypsine-3 excite en effet les neurones intrinsèques et extrinsèques en se liant à un récepteur précis, le PAR-2 (protease-activated-receptor-2). L’occasion pour les chercheurs de rappeler que « l’intestin comporte de nombreux neurones, tant intrinsèques5 – contrôlant la fonction digestive – qu’extrinsèques – transmettant des informations au système nerveux central ou en recevant de lui. Les deux types interviennent dans les sensations douloureuses et leurs terminaisons aboutissent précisément à l’épithélium »6.
Le Syndrome de l’intestin irritable post-infectieux
On trouve parmi les agents infectieux possiblement responsables :
Des bactéries : Salmonella enteridis, Shigella flexneri, Camphylobacter, E. coli 0157:H7,
Des virus : Novovirus
Des parasites : Giardia duodenalis, Blastocystis hominis, Dientamoeba fragilis, Cryptosporidium parvum, Entamoeba hystolytica.
Concernant Blastocystis hominis et Dientamoeba fragilis, par exemple, différentes études ont pointé leur responsabilité dans le syndrome de l’intestin irritable.
L’agent pathogène causal influencera l’expression du syndrome.
Les solutions
Soigner le mal par le mal, rendu inoffensif
Parmi les solutions possibles, je vais vous parler maintenant de celle que j’expérimente : la thérapie Symbioflor. Il s’agit de se soigner avec des bactéries en tant qu’agents probiotiques, qui vont venir nourrir les petits soldats gardes- barrière de la muqueuse intestinale. Ils vont ainsi la renforcer, et aussi soutenir l’ensemble de la flore microbienne en vue de restaurer l’équilibre dynamique normal de l’écosystème.
Le traitement consiste dans l’administration, sous forme de gouttes, de deux bactéries : Enterococcus faecalis et Escherichia coli, viables et exterminées de leurs constituants. Bref leur côté toxique a été éliminé. En plus de nourrir la flore, elles vont venir stimuler le système immunitaire par l’activation des macrophages, de lymphocytes B et T, agissant un peu comme un vaccin.
Cette thérapie, élaborée par le laboratoire allemand SymbioPharm et expérimentée depuis 1954, peut durer jusqu’à cinq mois. Elle débute par une phase d’initiation, suivie peu à peu par l’augmentation du nombre de gouttes quotidiennes, selon un protocole établi et précis.
Pour ceux d’entre vous que cela peut concerner, elle a également montré son efficacité dans d’autres indications telles que les infections aiguës et chroniques ORL, les allergies (eczéma atopique, asthme) ou encore dans les infections uro-génitales.
Des précautions nécessaires : Toute intervention ne pourra se faire que si l’organisme n’est pas carencé (fer, zinc, vit B, vit D, Magnésium, omegas 3 etc). De même, vous devrez vérifier si votre estomac a suffisamment d’acidité. Enfin, vous préparerez en amont tout le travail en mastiquant bien : c’est un moment crucial.
L’organisme ne doit pas être carencé
Notre microbiote doit avoir son plein de carburant pour faire la cuisine. Avez-vous suffisamment d’apport en aliments riches en prébiotiques, en certaines protéines comme la glutamine et la thréonine, qui sont des carburants majeurs du renouvellement du mucus intestinal ( nourriture de votre microbiote, vos casques bleus)?
Avez-vous suffisamment d’apports en aliments qui contiennent des vitamines du groupe B, de la vitamine D, du zinc, du magnésium - surtout quand on vieillit -, des omégas-3 ?
Si ce n’est pas le cas, cela va créer à terme des carences et fatiguer l’organisme en lutte contre l’oxydation et l’inflammation. Il vieillit prématurément, il rouille et « caramélise » ! Le processus inflammatoire chronique est engagé, aggravé par l’action des mitochondries, les petites usines énergétiques de nos cellules, qui vont venir balancer de l’huile sur le feu.
Avez-vous un estomac suffisamment acide ?
Le syndrome de l’intestin irritable est le plus souvent lié à une faible acidité gastrique, ce que l’on appelle l’hypochlorhydrie. En un mot : l’estomac n’a pas assez d’acide chlorhydrique (HCI) (Lien entre les aigreurs d’estomac et l’intestin : le SIBO), condition chimique indispensable à la bonne digestion, assimilation et absorption des aliments et nutriments, ainsi qu’à la protection contre les intoxications alimentaires, grâce à son effet bactéricide et fongicide puissant.
Mastiquez-vous suffisamment ?
Bien mastiquer (Bien mastiquer pour mieux digérer), c’est la clé de tout, c’est le moment le plus important de notre digestion. Vous aurez beau tout faire bien, si vous ne mastiquez pas, cela ne sert à rien.
La mastication, c’est déjà 50% de la guérison !
En conclusion
Avec toutes ces bonnes bases, vous aurez fourni à votre microbiote intestinal la nourriture exemplaire qu’il mérite, pour un intestin qui ne se laissera plus irriter de sitôt !
Vous avez les clés en main pour rétablir ce bel équilibre symbiotique hôte-microbiote et le maintenir à pleine puissance en dopant ses superpouvoirs, qui renforceront d’autant plus votre système immunitaire, pour une santé physique, mentale et psychique optimisée. Avec l’aide de mes recettes power biotiques, par exemple !
Marion Kaplan
En collaboration avec Myriam Marino, journaliste
symbioflore
Références :
1 – Paléobiotique – Changez radicalement d’alimentation, mangez comme vos ancêtres, sauvez votre microbiote, Marion Kaplan, Thierry Souccar Éditions, 2015
2 - Les gliadines forment un ensemble de protéines présentes dans le blé et plusieurs autres céréales. Elles font partie du gluten
3 – On trouve parmi les bactéries dites Gram négatif, par exemple : le genre Salmonella, le genre Escherichia, comme Escherichia coli, le genre Yersinia, comme Yersinia pestis, responsable de la peste
4 – La trypsine-3 est une protéase. Les protéases sont des enzymes dont la fonction première est de digérer les protéines
5 - L’innervation du tube digestif est régie par deux réseaux nerveux : un réseau intrinsèque, appelé système nerveux entérique, qui comprend des neurones situés dans la paroi du tube digestif, et un réseau extrinsèque, apporté par des fibres nerveuses extérieures
6 - Il s’agit des travaux de l’équipe toulousaine de Nathalie Vergnolle de l’Institut de Recherche sur la Santé digestive, à l’Inserm. Deux articles à lire sur le site de l’Inserm, décrivant ces travaux : Vers un soulagement pour le syndrome de l’intestin irritable et Nathalie Vergnollle : « des bactéries alimentaires pour soigner les MICI ».
Quelques repères sur les bactéries du microbiote
Trois phyla majeurs
Les bactéries dominantes du microbiote sont réparties en 3 phyla majeurs :
Phylum Firmicutes : 60-75% - Bactéries Gram +
Phylum Bacteroidetes : 30-40% - Bactéries Gram –
Phylum Actinobacteria : 1-5% Bifidobactéries
Le rôle des bactéries intestinales et leurs effets :
Bifidobactéries (+) : digestion/absoprtion des aliments, stimulation de la fonction immunitaire, synthèse de vitamines.
Lactobacilles (+) : digestion/absoprtion des aliments, stimulation de la fonction immunitaire
Bactéroides (+/-) : synthèse de vitamines (positif), putréfaction intestinale (négatif)
Entérocoques Escherichia coli (+/-) : inhibition de bactéries exogènes (positif), diarrhée/constipation (négatif)
Streptocoques (+/-) : stimule la fonction immunitaire (positif), production de précurseurs cancéreux (négatif)
Pseudomonas aeruginosa, Proteus sp. (-) : putréfaction intestinale
Staphylocoques, Clostridium, Veillonellae (-) : production de précurseurs cancéreux.
Microbiote humain et entérotypes
Trois types d’entérotypes ont été mis en évidence dans le microbiote intestinal humain, qui varient selon plusieurs pays et continents : Bacteroides, Prevotella et Ruminococcus.
Les Ruminococcus se trouvent augmentés dans le syndrome de l’intestin irritable, ainsi que le genre bactérien Dorea (embranchement des Firmicutes).